Technopol Mix 096 | Iannis Rezgui
Membre fondateur du collectif français Material, Iannis Rezgui s’est construit en quelques années, un catalogue musical conséquent en enchaînant les sorties sur les labels Maison Close, Matière Production, Coalition ou plus récemment DUSK pour son dernier EP “Art Will Always Follow”. Soutenu par des artistes comme François X, Elise Massoni ou encore Anetha et Nina Kraviz, l’artiste renoue, dans ses sets et ses productions, avec ses inspirations du début : une esthétique techno pure entre puissance et ambiances hypnotiques. Démonstration dans ce 96ème podcast de la série Technopol Mix.
Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?
Étant fortement influencé par le rock, j’ai appris la guitare au conservatoire étant jeune; j’avais comme idée de monter un groupe, mais n’ayant aucun musicien dans mon entourage, j’ai vite dû abandonner l’idée. J’ai donc commencé à écouter de la musique électronique vers mes 12-13 ans. Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai débuté par ce qui était populaire à l’époque comme les Bloody Beetroots, Crookers, MSTRKRFT, toute la scène french touch, puis Gesaffelstein, Brodinski pour enfin finir par la techno. Comme c’était le seul style musical où je n’avais besoin de personne d’autre pour créer, j’ai fini par me lancer dans la production et le Djing à ce moment-là.
Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?
Je m’étais un peu lassé de la techno très rapide et influencée par la trance, je me suis donc récemment replongé dans la techno des années 2000-2010, c’est notamment ça qui m’a permit d’affiner mon style tant en mix qu’en production ces derniers temps. La sélection pour ce podcast reflète bien ce tournant vers une techno plus pure, plus analogique avec un son qui tend plus vers le old-school et le minimalisme que ce que j’ai pu faire par le passé.
En tant qu’artiste, comment souhaites-tu évoluer dans les années à venir ? Y a-t-il un nouveau moyen d’expression artistique que tu aimerais utiliser ?
En tant que (jeune) artiste, mon focus est définitivement de jouer plus, que ce soit en France ou à l’étranger, mais aussi de continuer à affiner et préciser mon son pour pouvoir proposer des releases qui me ressemblent à 100%.
En termes de moyen d’expression, j’ai le sentiment que l’accès au DJing s’est tellement ouvert ces dernières années, que cela n’a plus la même originalité qu’auparavant. Construire et préparer un live serait donc un bon moyen de performer tout en gardant une singularité qui me serait propre, mais cela nécessite de trouver une esthétique bien précise avec laquelle je sois satisfait, et j’y travaille encore… L’idée de monter un live avec d’autres artistes m’excite aussi beaucoup, ça me permettrait de me rapprocher de l’idée de Live Band que j’avais en commençant la musique!
Un endroit où tu rêverais de jouer ? / Un label où tu rêverais de release une track ? / Un collectif avec qui tu rêverais de collaborer ?
Il y a tellement d’endroits où je rêverais de jouer mais pour n’en citer que quelques-uns : le Dekmantel, le RSO et le Waking Life.
En label, je dirais Klockworks et en collectif, Vault Sessions, j’aime beaucoup la vibe des events qu’ils proposent.
Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?
Définitivement la place des réseaux sociaux. Tant pour les artistes, qui doivent maintenant gérer leur aspect marketing en plus d’essayer de faire de la musique de qualité, que pour le public, dont une partie passe plus de temps à filmer pour monter un Tiktok le lendemain qu’à danser. Malgré cela, ça a aussi permis à de nombreux artistes de se faire connaître plus facilement et au public d’avoir un meilleur accès aux événements, mais je ne pense pas que ce soit toujours un signe de qualité en termes de musique, qui est censée être la priorité. Néanmoins, ce n’est pas dans les valeurs de la techno d’interdire quoique ce soit à sa communauté, mais je pense qu’une prise de conscience à ce niveau là est sûrement nécessaire.
Tu as récemment sorti un EP sur le label DUSK. Comment cet EP a-t-il vu le jour et que signifie-t-il pour toi ?
Mon EP “Art Will Always Follow” est le résultat d’un virage que j’ai voulu emprunter dans mon esthétique sonore. J’ai récemment remis à écouter beaucoup d’artistes comme UFO95, Quelza, Rodhad, Phil Berg, Hadone, Fadi Mohem, Ben Klock et j’ai donc voulu revenir à l’essence de la techno, avec des morceaux hypnotiques, minimalistes et plus linéaires, DUSK était le label parfait pour ça.
Contrairement à mes sorties précédentes, j’ai produit les morceaux de l’EP très peu de temps avant sa sortie, il reflète donc exactement là où j’en suis actuellement et je peux encore l’écouter et le jouer sans m’en lasser.