Technopol Mix 095 | Meli Mena

Après avoir fait ses armes dans les soirées électro à Grenade, la DJ et productrice franco-tunisienne Meli Mena, co-fondatrice du collectif et label Craquages Collectifs s’impose comme l’un des talents prometteurs de la scène parisienne. Ses influences éclectiques entre deep techno, bass music texturée, trance progressive et breaks incarne cette volonté de casser les barrières des genres pour aller vers l’exploration de nouvelles sonorités club. Rencontre.

 

Peux-tu nous parler de tes premières rencontres avec la musique, et de la façon dont la musique électronique s’y est immiscée ?

La musique a commencé assez tôt, à 5 ans avec le piano que j’ai pratiqué pendant 10 ans environ. Puis pendant mon adolescence la musique électronique a pris petit à petit une place plus importante. Mais je pense que l’expérience vraiment révélatrice c’est quand j’ai vécu à Grenade en Espagne. C’est une ville qui a une scène incroyablement riche et éclectique et qui m’a beaucoup nourrie, autant sur le plan musical que dans la manière de faire la fête. Ce qui m’a marqué c’est cette capacité à mêler tradition et innovation musicale ; avec le flamenco et l’électronique/breakbeat par exemple ; et ça a été une vraie source d’inspiration pour moi.

Un endroit où tu rêverais de jouer ?

En tant qu’architecte je me dois de nommer le HORST Festival ! Quand j’y suis allée, c’était la première fois que j’étais dans un espace-temps qui mettait autant l’accent sur l’archi et où mes deux passions et métiers étaient réunis et faisaient l’objet d’un projet complet.

C’est assez libérateur finalement parce que les constructions architecturales et scénographiques permettent de sortir des dispositifs « club » dont on a l’habitude et qui ont tendance à créer des dynamiques dont on aimerai bien parfois se défaire. Ça reste des espaces en tout cas qui tendent vers une nouvelle manière de mettre la performance musicale en avant, et inversement aussi, la performance permet aussi d’investir et vivre
les lieux à travers la musique.

Je pense que ce serai trop bien de contribuer à la conception/construction d’une scène et ensuite de participer à l’expérience musicale en jouant sur cette scène et comme ça la boucle est bouclée !

 

Comment appréhendes-tu ta performance de demain ?

C’est une manière de continuer de me nourrir de différentes scènes, influences et rencontres avec des artistes. Essayer aussi de trouver un équilibre entre ma vie professionnelle d’architecte et celle de la musique, d’essayer peut-être de mêler les deux.

En tout cas je suis très contente de pouvoir faire des collaborations cool pour les prochains mois avec des artistes que j’admire vraiment ! J’ai un split EP prévu pour cette année avec fa:act, artiste bruxellois avec qui nous avions fait un b2b sur Kiosk pour introduire un peu ce projet.

Ensuite j’ai un track en cours avec STITCH, basé en Irlande, dont je ne me lasse pas de jouer ses productions !

 

Trouves-tu que la scène des musiques électroniques est suffisamment inclusive ?

Alors, il y a eu une vraie prise de conscience et ce depuis le mouvement Me Too et particulièrement ces dernières années avec des démarches comme Consentis, More Women On Stage and Backstage…

Mais le combat n’est clairement pas fini, les statistiques concernant la parité et la représentation des minorités sur scène reste alarmante et ce toujours en 2025. C’est un sujet qui va bien au-delà de la fête, ça touche à des enjeux de société qui nous concernent toustes. Je pense qu’il y’a des enjeux qui vont au-delà la programmation artistique et qui touchent par exemple aux postes professionnels, je pense au ingénieur.es, chargé.es de prod, programmateur.rices… ; la manière dont les espaces festifs sont conçus et comment briser des dynamiques dans le public qui peuvent être vulnérabilisantes pour certaines personnes. Finalement l’inclusivité dans la scène ne concerne pas seulement la parité des artistes programmés mais touche tous.tes les participant.es de la fête.

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

Je pense que ce set dénote un peu de ce que j’ai pu faire. L’idée c’était d’aller vers quelque chose de plus représentatif de mes découvertes récentes. J’ai voulu jouer avec les changements de rythmiques, les textures et les basses bien profondes. J’ai essayé d’incorporer aussi de nouvelles sonorités club avec des tracks de Glass et Maoupa Mazzochetti, Gneiss ou encore norim. Et surtout de jouer des artistes dont je kiffe vraiment
le travail depuis longtemps.

 

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