Technopol Mix 086 | KimberlaID
KimberlaID est DJ, productrice et label manager pour Explity Music, collectif parisien sur lequel elle sort son premier EP “The Time Has Come”. Avec une curiosité pour tous types de sonorités, explorant le spectre infini des musiques électroniques, elle affectionne le jumpstyle, le gabber et l’industrial hardcore. Naviguant dans ses sets comme dans ses productions entre dureté, distorsion et mélodie, Kimberlaid repousse les limites de la rave music saturée et s’inscrit ainsi comme une force dynamique et innovante sur la scène électronique actuelle
Pour Technopol elle livre un podcast plus expérimental, un mix de tracks soigneusement choisies, dont certaines sont des productions originales, pour un voyage au cœur du spectre de genres du hard core.
Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?
J’ai préparé un podcast un peu plus expérimental que ce que je joue en club habituellement. Une multiplicités de ‘genres’ du spectre de la hard dance, axée sur la distorsion et les mélodies avec du jumpstyle, industrial hardcore, gabber, hard bass des découvertes récentes, des classiques de hardcore, des artistes que j’apprécie particulièrement dont je joue souvent les tracks comme Kilbourne, Miyuki Omura, HDMIRROR, Ophidian, Gartex etc. que j’ai blendé ensemble et parfois avec des des musiques électroniques drumless qui servent aussi de breaks.
J’ai inclus 3 tracks de la dernière VA de Vacance, celles de Karlfroye, Ukk0o0 et la mienne. C’est un de mes labels préférés qui est basé en suisse.
Ce mix résume un peu mon année : des tracks choisies dans mes playlists de gigs, d’autres que j’écoute en dehors des gigs et certaines originales car j’ai passé beaucoup de temps au studio.
À quoi ressemble ton studio et comment utilises-tu ce que tu as pour construire des morceaux ?
Je compose tout sur mon logiciel Reason, avec mes VSTs préférés du moment : Vital qui est l’équivalent gratuit de Serum, Serum également pour faire des kicks, LABS qui est aussi gratuit développé par Spitfire Audio pour ses pianos et synthés, Diva pour son supersaw, Emergence pour l’effet granulaire (gratuit)… Mon set up est super simple : ordi et enceintes de monitoring.
J’ai acheté récemment mon premier synthé, un norns shield XL, il a pleins de presets appelés scripts disponibles en open source, la communauté est très active, on peut soi même coder son propre preset en apprenant son langage de programmation.
En ce moment je regarde mille tutos sur des groovebox car j’aimerais acheter une machine pour travailler un live.
Quels sont tes projets à venir ?
Avec mon label Explity Music nous travaillons sur beaucoup de projets. Notre prochaine soirée Endless Hardcore Summer 2 à la station le 19.10 où nous invitons Sentimental Rave et Miyuki Omura en plus des membres du label : Karlfroye, Nouminouw, moi et Talita Otović qui fera son live.
Pour la fin d’année on a encore 1 EP à sortir qui est presque fini et l’année prochaine, on prévoit de sortir des EPs / albums de projets solo, mais on aura le temps d’en reparler. Et surtout on a commencé à travailler sur une grande compilation de hardcore qui sera dévoilée en 2025.
De mon côté, je me suis engagée à envoyer des morceaux pour pas mal de compilations et des remixes donc j’essaye d’avancer là-dessus en priorité puis je me mettrais plus sérieusement à travailler sur mon 2ème EP.
Outre la musique, as-tu d’autres intérêts et passions ? Comment te trouves-tu et te déconnectes-tu ?
La musique prend une grande place dans ma vie. En plus d’être dj/producer et label manager d’Explity Music, je m’occupe aussi du management de Vickie Cherie donc mes semaines sont bien remplies !!
En dehors de mon temps de travail, j’aime beaucoup regarder des documentaires et des animés, j’ai fait une playlist avec mes vidéos sur la musique préférées sur youtube. Je sample des voix présentes dans des documentaires et dans des animés pour mes tracks donc parfois quand je suis en train de regarder et que j’entends quelque chose qui me plait je me retrouve à devoir noter le minutage et je me dis que je suis tout le temps en train de travailler hahaha. Mais c’est la partie la plus facile ça : ). Aussi j’adore manger des glaces donc quand j’ai un peu de temps je propose à des amiex d’aller découvrir tel ou tel glacier, j’ai aussi fait une liste de mes glaciers préférés sur mapstr. J’adore faire des listes/playlists comme vous l’avez surement compris haha.
Trouves-tu que la scène des musiques électroniques est suffisamment inclusive ? Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?
Je m’efforce constamment de remettre en question et de réfléchir à des améliorations dans l’industrie musicale dans laquelle nous évoluons. J’éprouve une réelle frustration face aux organisateurs qui tokenisent les projets d’artistes LGBTQIA+/FLINTA*/racisé.e.s. Le public réclame une meilleure représentation dans les programmations musicales. Nous sommes fatigué.e.s de voir toujours les mêmes acteurs dominer la scène et monopoliser les espaces de pouvoir.
J’aime lire le travail d’Elijah (@eli1ah sur Instagram), qui interroge l’industrie musicale avec des réflexions comme : “JUDGE THE DIVERSITY OF A LINE UP BY DIVISION OF MONEY PAID TO ARTISTS. NOT BY WHO IS REPRESENTED.” À cela, j’ajouterais aussi l’importance des créneaux horaires attribués. Il est lassant de voir des line-up majoritairement composés d’hommes cis-hétéro blancs, où le seul.e artiste LGBTQIA+/FLINTA*/racisé.e est relégué.e au warm-up ou au closing, tandis que les hommes occupent systématiquement les horaires de peaktime. Il est crucial que les promoteurices explorent davantage et réfléchissent dès le départ à quels artistes non cis-hétéro blancs ils souhaitent inviter, au lieu de simplement inclure un.e artiste local.e ou en développement pour cocher la case de l’inclusivité tout en leur attribuant des créneaux peu valorisés.
Des progrès ont été faits, mais nous devons aller plus loin, et je m’inclus dans cette démarche bien sûr.
En tant qu’organisateurice d’événements, nous avons une responsabilité envers notre public. Il est essentiel de se former à la lutte contre les VHSS (violences et harcèlements sexuels et sexistes), et de mettre en place des dispositifs permettant à chacun.e de se sentir en sécurité tout au long de l’événement : safer teams, stands de réduction des risques, etc. Si vous ne savez pas comment vous y prendre, vous pouvez contacter Rave Safe (@ravesafe_asso sur Instagram) pour bénéficier d’un accompagnement. À Paris, Fêtez Clairs propose également des permanences pour récupérer du matériel de prévention et organiser un stand RDR lors de vos événements.
Je souhaiterais aussi que les collectifs, notamment ceux majoritairement composés d’hommes cis, prennent leurs responsabilités lorsqu’un ou plusieurs de leurs membres adoptent des comportements problématiques : écouter les victimes, respecter leurs souhaits et agir en conséquence. De plus, les festivals, promoteurs et collectifs devraient communiquer clairement sur les mesures prises contre les VHSS au lieu de rester vagues lorsqu’ils excluent un artiste pour ses comportements.