Technopol Mix 085 | Ano Poli
DJ et producteur, Ano Poli gravite dans un tourbillon d’influences, entre break, deconstructed bass, hyperpop ou internetmusic. Dans cet univers musical qui lui est propre, l’artiste nous transporte dans ce qu’il qualifie d’”Hybrid Club”.
Particulièrement actif dans la région nantaise, Ano Poli défend une scène électronique plus décloisonnée et plus inclusive. À travers ses projets Cane Corso Records et Rayquaza, il travaille à faire tomber les barrières de genre au profit de l’expérimentation.
Quelle est l’histoire derrière ton nom d’artiste ?
Ano Poli est le nom du quartier où je résidais lorsque j’étais à Thessalonique, dans le nord de la Grèce. J’y étais parti pour rejoindre mes proches et penser à ma santé mentale. C’est le moment où j’ai décidé d’arrêter tout ce que je faisais pour me consacrer uniquement à la musique, le lieu était symbolique.
Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?
J’aimerais des frontières plus perméables. Souvent les publics sont assez partitionnés. Cela en résulte des artistes qui n’osent pas jouer certaines tracks car il/elle serait mal perçu par un public avec des œillères. Je milite aussi pour que les politiques tarifaires baissent. On ne peut pas prôner une soirée inclusive et vendre des tickets hors de prix, c’est déjà une discrimination envers un public précaire. Cela doit forcément passer par la baisse des cachets des artistes headliners qui sont à l’origine d’une inflation colossale, qui creuse constamment l’écart entre les salaires.
Comment imagines-tu le futur de la scène ?
Si l’uberisation et la précarisation de notre scène est constante, je remarque déjà des initiatives inverses d’une qualité exceptionnelle, que ça soit du côté des orgas ou du public. Des micro festivals apparaissent chaque année, les gens soutiennent de plus en plus leur scène locale, et beaucoup se détournent des événements super industriels. J’espère que le futur sera plus radieux dans notre scène que ce qui nous attend à l’échelle mondiale.
Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?
J’ai voulu proposer un podcast qui représente bien ce qui me fait le plus plaisir d’écouter / jouer en club en ce moment. Je n’ai jamais été fan de faire un set autoroute, j’aime les variations, les changements de genre et de mood. Ici, j’ai blend beaucoup de mes derniers achats Bandcamp, et j’ai essayé de mettre en avant des artistes très talentueux·ses qui, je pense, ont pour beaucoup les mêmes influences que moi : jersey, electro, breaks, bassline, dembow, bass music, hyperpop.
Plutôt festival ou club ? Pourquoi ?
En ce moment je dirais festival. Il y a une communion vraiment cool. On peut plus facilement se perdre à travers les différentes scènes, découvrir des artistes qu’on connaissait pas. Malheureusement, la musique que je joue colle sûrement plus à du club, car je n’ai pas trop eu la chance de jouer en festival cette année. Si jamais quelques promoteurs passent par là pour l’année prochaine haha.
Quels sont tes projets à venir ?
J’aimerais vraiment développer le label Cane Corso, avec plus de sorties d’artistes que j’admire. On est vraiment ouvert aux démos sur un panel très large, tant que ça reste dans notre vibe. Je vais aussi développer la partie booking du label, pour essayer de professionnaliser au maximum les artistes en lesquels je crois. On veut agrandir notre famille.