Technopol Mix 074 | To Van Kao

Artiste polyvalente, étant à la fois DJ, productrice et vocaliste, To Van Kao puise son inspiration dans diverses musiques club, de la techno à la deconstructed club, en y fusionnant des sonorités vietnamiennes traditionnelles. La jeune femme apparaît régulièrement sur Rinse France et sur Paradoxe Club, collectif et label novateur dont elle est membre, aux côtés de Birol, Le Dom, Sunareht et De Grandi. L’artiste compte déjà plusieurs sorties, telles que « Plasma Pen » ou « From Me to Unknown« , et a déjà collaboré avec Unklevon en décembre 2022, pour une track sur Boys Noize Records. C’est sans compter Otto Diva, un projet techno / new wave qu’elle partage avec Le Dom depuis 2023.

 

Quels ont été les temps forts de ta traversée dans le monde de la musique ?

J’ai commencé à mixer il y a une dizaine d’années, c’était mon hobby. J’ai commencé par la house, j’ai même fait le premier Cercle, puis je me suis consacrée à ma carrière professionnelle dans la mode et j’ai laissé la musique de côté. C’est juste avant le Covid que j’ai voulu me ré-impliquer et revenir vers le DJing. Je me suis intéressée à d’autres genres entre-temps, j’avais joué à La Créole avant que l’on soit confiné et après je n’avais qu’une envie : m’y remettre, et surtout j’ai compris qu’en tant que DJ c’est normal d’évoluer dans ses goûts et ses choix musicaux. Je pense que le tout c’est d’avoir une approche sincère et ne pas chercher à suivre des trends même si ces dernières nous influencent sûrement. Je me souviens que l’on m’avait dit que La Créole ce n’était pas dans mes cordes vu ce que je faisais avant, j’ai fait un mix et je l’ai envoyé à Fanny et Vincent et voilà ! J’ai rejoint ensuite Paradoxe Club en tant que label manager (je ne le suis plus) et on a eu la chance de faire des super gigs comme à Peacock Society sur la scène Underscope ou bien l’after du Positive Education Festival. Aujourd’hui je continue de développer mon projet solo et mon groupe techno / new wave, Otto Diva, avec Le Dom. J’ai eu la chance dernièrement de faire partie de l’Europe Tour d’Eastern Margins, un collectif asio-descendants londonien. Je pense qu’il y a un vrai manque de visibilité sur la communauté asiatique et je pense que des collectifs comme celui-ci participent à ce besoin de représentation et j’espère que l’on arrivera à en faire de même en France.

 

Outre la musique, as-tu d’autres intérêts et passions ? Comment te trouves-tu et te déconnectes-tu ?

J’ai découvert depuis quelques mois le crochet et je suis complètement accro ! C’est une activité méditative et c’est vraiment satisfaisant d’exprimer ma créativité par des pièces que je peux porter, j’ai même eu quelques commandes. Vous pouvez suivre sur Instagram mes créations sur @petit_nuage_knits.

 

Pourquoi es-tu résidente chez Paradoxe Club ? Quels sont les traits et les valeurs du collectif qui sont similaires aux tiennes ?

J’ai rejoint Paradoxe Club en 2021 parce que j’aimais l’approche du label multi-genre et avant-gardiste. S’il fallait le qualifier en genre, il s’agit d’un label de deconstructed club / post club, les sorties sont inclassables et dans nos mix on mélange beaucoup de genres. Cela m’a poussée à m’affirmer dans ce que j’aimais et à juste jouer ce que j’aime peu importe le genre. Je me suis reconnue dans cet aspect parce qu’au cours de mes années de DJ, j’ai toujours aimé mélanger même si j’ai l’impression que cette expression est un peu galvaudée et je n’aime pas les sets linéaires. J’ai parfois essayé de me cantonner à un seul style, je n’y arrive jamais ! Cela m’a parfois valu des remarques de passer autant d’un genre à l’autre mais pour rester polie, cela m’est égal, c’est ce que j’ai envie aujourd’hui.

 

 

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

J’ai préparé un set club avec un mélange de deconstructed club, grime, électro et techno. C’est ce que je fais en général dans mes sets en club aussi. J’aime aussi beaucoup faire des intro / outro pour des formats de podcasts. J’aime quand il y a des virages et des cassures, je n’aime pas les sets linéaires cela m’ennuie, et il y a toujours un moment mélodique. Vous allez d’ailleurs trouver dedans ma dernière release sur Paradoxe Club, sortie mardi, et une track de mon groupe Otto Diva.

 

Tu as récemment sorti un titre sur le label Paradoxe Club « Tell Me« . Comment cette track a-t-elle vu le jour et que signifie-t-elle pour toi ?

Je me suis mise à produire et à utiliser ma voix, il y a à peu près 2 ans. Alors que cela faisait très longtemps que je voulais commencer. Sur un coup de tête je me suis dit : « il n’est jamais trop tard pour essayer », alors que pendant de nombreuses années je me disais que ce n’était pas pour moi et que j’aurais dû le faire il y a bien longtemps pour pouvoir être en mesure de sortir des tracks. Je suis vraiment fière d’avoir dépassé cette peur que j’avais. Pour ce qui est du track « Tell Me », j’ai passé beaucoup de temps à la pagode quand j’étais plus jeune et je pense que c’est ce qui a inspiré ce côté assez méditatif et intense de cette track. Sur la cover du single, c’est ma grenouille qui est utilisée dans la prière bouddhiste que j’ai chez moi.

 

Dans tes productions et tes sets/live, qu’essayes-tu de transmettre à ton public ?

Quand je suis en DJ set solo ou en live avec Otto Diva, je me défoule et j’essaye de le partager avec le public aussi. Passer des sons qui me portent, faire des blends risqués ou crier dans un micro c’est vraiment un exutoire, ma rage room et même si cela peut paraître assez naïf, ce sont des moments où je me sens vraiment vivante. Je pense aussi qu’en tant que DJ j’aime prendre des risques et passer des sons.

 

En tant qu’artiste, comment souhaites-tu évoluer dans les années à venir ? Y a-t-il un nouveau moyen d’expression artistique que tu aimerais utiliser ?

J’apprends à jouer du Dan Bau, c’est un instrument traditionnel vietnamien, en français c’est le monocorde vietnamien. J’aimerais vraiment pouvoir développer un live autour de cet instrument qui est peu connu en France. De façon plus large, j’aimerais pouvoir explorer la musique vietnamienne plus en profondeur n’ayant pas pu la côtoyer beaucoup pendant mon enfance alors que je suis d’origine vietnamienne. Vous pouvez entendre un édit où j’ai utilisé un sample de cet instrument joué par un musicien de musique traditionnelle dans le podcast, c’est la deuxième track. Sur le plus court terme, je suis en train de travailler sur les prochaines sorties avec Otto Diva et j’ai quelques collab qui arrivent, et bien sûr j’ai envie de continuer à sortir des tracks et mixer.

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