Le streaming : source de rémunération pour les artistes ?
L’interdiction des concerts physiques liée au COVID-19 a marqué l’émergence d’autres manières de consommer la musique, parfois nouvelles, parfois remises au goût du jour et développées pour offrir une expérience inédite aux publics. Parmi elles, le streaming a repris du galon : alternative provisoire satisfaisante en attendant la reprise formelle des événements musicaux, à propos desquels le gouvernement peine à se prononcer, la consommation virtuelle permet-elle pour autant de subvenir aux besoins des artistes ?
Voici un calcul qui a été précisément mené par le compte Instagram @somewhere_soul ; la page s’est en effet penchée sur la rentabilité du streaming en convertissant en achats concrets et quotidiens le prix obtenu par un artiste via Spotify lorsqu’un de ses morceaux est joué une fois. Et le résultat est à peine surprenant : si Spotify paie en moyenne 0,0026£ par écoute, il faudrait ainsi compter 807 streams pour payer un café, 2 629 pour un ticket de concert, 269 230 pour un loyer moyen à Londres ou encore 384 615 pour 20 heures d’enregistrement en studio. Une aberration que pointe le compte, qui suggère aux auditeurs de privilégier l’achat de merchandising ou d’albums physiques pour soutenir leurs artistes préférés.
Le confinement a cependant aussi vu émerger de nouvelles solutions de financement via le streaming et le livestream. En mai 2020, la SACEM annonçait mettre en place un système de rémunération tangible pour soutenir les artistes et palier les pertes encourues par l’annulation de leurs concerts. Sous réserve d’inscription à la structure, les artistes peuvent ainsi depuis le 1er juin déclarer leurs livestreams effectués sur Facebook, Instagram et Youtube effectués rétroactivement depuis le début du confinement pour obtenir une somme calculée en fonction de la durée de la performance et du nombre de spectateurs.
La plateforme Shotgun a également fait preuve d’inventivité et de soutien envers les artistes en avril dernier, en créant Disdancing. Véritable Netflix des livestreams, qui offre également des fonctionnalités inédites pour danser en visio avec des amis et autres amateurs de musiques électroniques, la plateforme met parfois des billets en vente pour certains événements dont les bénéfices reviennent aux artistes et équipes participant à l’élaboration de la prestation. Un moyen ingénieux de fournir une – certes moindre – rémunération tout en justifiant le paiement d’un ticket à travers des fonctionnalités surprenantes.