Consommer la culture post-pandémie : de nouvelles mesures prises par les institutions
Alors que les pays se déconfinent petit à petit autour du globe, il est temps pour les institutions d’anticiper les consignes à préconiser pour garantir la sécurité des usagers lorsque les lieux de rassemblement culturels viendront à rouvrir leurs portes. En Europe, les gouvernements suisse, français et allemand ont pris diverses mesures et certains rassemblements ont déjà été autorisés.
A l’approche de la réouverture des lieux culturels, qui est possiblement prévue pour le 8 juin en Suisse et progressivement en juin et juillet en France, les institutions se sont réunies pour discuter des conditions de rassemblement à prévoir pour limiter les risques de propagation de la pandémie. Ainsi, l’Union des Théâtres Suisses (UTS), l’Association Suisse des Techniciens de Théâtre et de Spectacle et l’Association Suisse des Orchestres Professionnels ont présenté un projet le vendredi 22 mai tandis que de l’autre côté des Alpes, le Conseil National des Professions du Spectacle, les experts médicaux du CMB, de la DIRECCTE Ile-de-France et de la CRAMIF ont proposé des mesures strictes en accord avec le Haut Conseil de la Santé Publique et le protocole national de déconfinement du Ministère du Travail.
Les deux pays préconisent premièrement le respect de la distance de sécurité obligatoire entre les personnes de foyers différents ; il s’agit d’une distance de 2 mètres pour la Suisse et d’1 mètre pour la France, qui doit être garantie dans les espaces communs comme entre les places assises des salles de spectacle. En revanche, si les institutions françaises recommandent fortement le port du masque, les institutions suisses, elles, estiment qu’il ne s’agit pas d’une obligation pour garantir la sécurité des spectateurs. Elles soutiennent cependant que le remplissage des salles de spectacle pourrait être de 100% si tout le monde respectait le port d’un masque effectif, contre 70% si tous les spectateurs regardent strictement en face d’eux et conservent une position fixe. En réalité, il faudrait que les salles aient en moyenne un taux de remplissage de 20% pour garantir strictement la distance de sécurité, qui sera respectée dans les lieux de rassemblement français.
Dans les deux pays, les attroupements dans les espaces communs (devant la salle de spectacle, dans les sanitaires, devant la billetterie…) seront entièrement interdits. Si la Suisse estime que le respect de cette règle engage la responsabilité personnelle de chacun, la France a prévu des mesures strictes que le personnel devra respecter. Parmi celles-ci, des consignes de nettoyage détaillées, l’obligation d’aérer les espaces entre plusieurs représentations, l’incitation à effectuer le plus d’opérations en ligne pour empêcher au maximum les échanges sur place, le décalage des horaires de spectacle, l’utilisation de portes multiples, l’organisation des placements et sorties par rangée… Les deux pays ont par ailleurs assuré que des masques et du gel hydroalcoolique seraient mis à disposition du personnel et des spectateurs présents.
En ce qui concerne les concerts et les manifestations festives, quelques consignes, moins nombreuses, ont été soumises par les institutions françaises. Chaque spectateur en position debout devra disposer de 4m², dont l’espace sera soit indiqué par un marquage au sol, soit délimité par des cabines personnelles si le lieu dispose des ressources nécessaires pour le permettre. Si cette question n’a pas été abordée par les organisations suisses, l’Allemagne, elle, en a déjà fait l’expérience. Le pays est en effet en avance par rapport à ses voisins européens quant aux mesures liées au déconfinement – il a notamment déjà rouvert les bars, restaurants et certains espaces publics et permis la semaine dernière l’organisation d’un open air.
Le jeudi 21 mai a ainsi eu lieu à Munster le premier open air post-confinement, lors duquel Gerd Janson a pu se produire face à un chanceux public de 100 personnes. Organisé dans un lieu pouvant normalement accueillir 2000 participants, l’événement a cependant attentivement respecté les règles sanitaires préconisées par les institutions allemandes, délimitant les espaces entre les danseurs avec un marquage au sol et imposant la mise en place d’une vitre en plexiglas autour du DJ booth. Un open air respectueux de la santé de chaque participant et qui annonce sans aucun doute la réitération d’événements sur le même modèle.