Marianne Danse : « Aujourd’hui, nous croyons à cette unité et nous voulons l’immortaliser ».

Le collectif Marianne Danse a un projet d’envergure : construire un documentaire sur la scène électronique française et dresser un état des lieux de celle-ci. Après une campagne de crowdfunding réussie, Technopol a pris des nouvelles de cette idée devenue réalité avec Florent Aguerra, le co-fondateur de Tapage Nocturne.

 

Bonjour à vous, merci d’avoir accepté notre demande d’interview. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et présenter le projet Marianne Danse ?

Le documentaire Marianne Danse est porté par le collectif lyonnais Tapage Nocturne, promouvant les cultures électroniques à travers des événements depuis bientôt 7 ans à Lyon, Paris et Madrid. Marianne Danse fait suite à la période historique que la France, le monde, est en train de vivre. Après avoir lutté pour rendre crédible le mouvement des musiques électroniques dans les 90’s, la scène (dans sa globalité) tend à se populariser et à rentrer dans les moeurs. Que ce soit par les – de plus en plus – nombreuses ententes avec le gouvernement, le nombre d’événements et d’artistes toujours grandissants ou même le fait qu’un certain Kiddy Smile ai pu jouer sur le péron de l’Elysée… Aujourd’hui est venu le moment de faire un bilan : beaucoup de combats ont été gagnés. Qui sont, aujourd’hui, les acteurs, les visages qui font fonctionner les choses en France ? À avoir autant gagné en popularité, que reste-t’il des valeurs historiques des musiques électroniques ?  Et il ne s’agit pas de donner seulement la parole aux artistes, toute la chaîne de valeur est concernée : les médias, les disquaires, les promoteurs, les intermittents, les agents et managers… Marianne Danse, c’est une photo de famille de l’état de la scène Française de la manière la plus objective possible !

L’histoire de ce documentaire commence avec un documentaire de la scène lyonnaise que vous avez réalisé en 2017. Pourquoi avoir eu envie de passer d’un niveau local à un niveau national ?

Cette petite vidéo promo avait pour but de lancer la sixième saison de Tapage Nocturne. Nous voulions sortir des plans de promo habituels de lancement de saison et proposer quelque chose d’original, alors on a donné la parole à plein d’artistes reçus pendant la saison cinq : Dax J, Thomas P. Heckmann, Freddy K, Regal, Boston 168, Mezerg ou encore CJ Bolland et Marc Acardipane aka The Mover. Ils ont pris la parole afin de donner leur avis sur Lyon, sur notre travail et ce avec un incroyable entrain. La vidéo a elle aussi été reçue avec une grande bienveillance de la part de notre public et a connu un certain succès. De là, l’idée de non plus parler d’une association, d’une ville, mais d’un pays entier a commencé à germer… Proposer un long format, un objet historique qui parle de notre génération, de nous tous, de ce que nous vivons aujourd’hui.

Vous avez déjà beaucoup de soutiens, et de personnalités influentes qui ont participé à la promotion du documentaire, comment avez-vous sélectionné vos intervenants entre tous ces acteurs français ?

Nous avons surtout fait au mieux avec les délais qui étaient les nôtres ! Un nouveau projet en avance sur son planning : ça n’existe pas ! Au départ, on s’était dit qu’il serait bien d’avoir une ou deux personnalités influentes qui prendraient la parole pour défendre le projet. Puis que filmer une ou deux soirées nous ferait de belles images. Et au final, on a tourné 16 interviews sur le tard dont Laurent Garnier, premier défenseur du projet, un incroyable teaser réalisé avec les captations d’une dizaine d’événements, une compilation et une vidéo de la dernière chance ! Les choix ont été faits assez instinctivement compte tenu de nos connaissances et envies, le tout en essayant d’être le plus pluriel possible sur les types d’acteurs sélectionnés que ce soit au niveau des corps de métiers ou du genre de ces mêmes acteurs. En soit, cette campagne de promotion offre déjà un point de vue global sur ce qu’est la scène française actuelle ! Et l’équipe derrière celle-ci a mise la barre très très haute.

Ici, la chaîne Youtube de Marianne Danse avec toutes les vidéos.

Quels sont les prochains acteurs que vous souhaitez démarcher ? Une exclu à nous donner ?

Pas de noms pour le moment, nous planchons actuellement sur le scénario et notre objectif est d’aller chercher des subventions publiques ou privées afin de faire grossir notre budget et pouvoir mener le plus haut possible ce magnifique projet. Mais notre priorité reste à l’authenticité de notre proposition : quand il s’agira de définir notre casting nous serons éminemment exigeants.

Nous pouvons lire sur la description de votre cagnotte que la notion d’indépendance est très importante pour vous, pourquoi avez-vous fait le choix d’avancer en solo ?

La fin justifie les moyens : nous avons débuté avec trois fois rien, un peu de trésorerie offerte par l’association Tapage Nocturne, une équipe d’étudiants du Digital Campus et beaucoup, beaucoup d’espoir et de motivation… Nous sommes partis de zéro et nous voilà enfin à 1. Aujourd’hui, les regards sont tournés vers demain car nous souhaitons porter ce documentaire le plus haut possible et nous sommes entourés de professionnels du cinéma pour la suite, qui croient que, oui, Marianne dansera.

À deux jours de la fin de la cagnotte il vous manquait toujours 50% de votre objectif, selon vous qu’est-ce qui vous a permis de réaliser en 2 jours ce que vous aviez fait en 33 ?

Comme lors de l’organisation d’un événement, la majorité des tickets se vendent sur les dernières heures. Nous le savions, et tout le défi était d’arriver à rester soudés et confiants tout au long de la traversée du désert (des premières 48 heures de lancement, aux dernières 48 heures de clôture). Nous attendions la vague…  A cela, les soutiens des acteurs des musiques électroniques ont été spontanés et innombrables ! Notamment les médias, avec Trax Magazine, Dure Vie, Make x France ou même la Demeure du Chaos qui ont poussé au maximum la campagne, spécialement dans les dernières heures de celle-ci. Personne n’a jamais lâché.

 

© Photo : Adrien Aujas.

 

Selon la description de vos paliers budgétaires, avec la somme que vous avez atteinte vous oblige à utiliser des moyens techniques « limités et sommaire ». Comment allez-vous faire pour rendre un documentaire avec la qualité que vous recherchiez initialement ?

Effectivement nous contenter de la somme accumulée avec la campagne du KissKissBankBank nous obligerait à produire ce documentaire avec le minimum syndical. Le budget moyen d’un documentaire en France est de 300 000€. Aujourd’hui, nous souhaitons aller chercher 100 à 200 000 € supplémentaires grâce à des subventions publiques ou privées, grâce à l’immense feu vert envoyé par la campagne KissKissBankBank. Il s’agit ici de prendre son mal en patience mais le résultat n’en sera que plus qualitatif.

Afin de partager votre projet et de donner un avant-goût à votre communauté, vous avez réalisé 16 interviews de grands acteurs de la scène électronique française. Ces interviews seront-elles disponibles dans le documentaire final ?

Ces interviews ont été tournées avec le minimum de moyens et souvent avec une prise de son hasardeuse… Elles sont inutilisables pour le documentaire. Nous en retournerons donc certaines avec une vraie équipe et un matériel professionnel. Pour donner une idée, Laurent Garnier a pu nous accueillir suite à l’annulation d’un de ses rendez-vous avant sa date au Sucre, en décembre 2019. J’ai reçu le mail de confirmation à peine quelques heures avant… Branle-bas de combat, nous avons tous lâché ce que nous étions en train de faire, certains étaient même au boulot, pour être présent et tourner cette interview décisive.

Votre projet de faire une « grande photo de famille » des acteurs français actuels a-t-il toujours été bien perçu ?  Est-ce que certains artistes ont refusé d’y participer ?

Et bien… Par une majorité oui ! Certains acteurs ne partagent pas complètement cette vision optimiste et positive que nous pouvons avoir. Pour eux, les choses n’ont pas évolué si bien et beaucoup de valeurs ont été perdues en cours de route. Cela fait partie des problématiques que nous souhaitons aborder à travers le documentaire : comment la démocratisation d’un mouvement vient affecter les valeurs de celui-ci… Le Rock et le Disco en sont de bons exemples.  Nous avons également eu un refus, motivé par la différence la position et les croyances de l’artiste et ceux du documentaire. Pragmatiques, nous avions proposé de justement faire entendre ce point de vue au plus grand nombre pour lui donner du coffre, de l’écho, mais ça n’a jamais pu avoir lieu.

Un documentaire comme celui que vous proposez montre une certaine unité dans le monde de la scène électronique française. Pensez-vous que celle-ci peut durer au vu des différents qu’il peut y avoir entre par exemple, les clubs et les warehouse ou même entre organisateurs ?

Si une chose est bien constante, c’est le changement. Rien n’est immuable et un secteur, un mouvement, un marché est une sorte d’être vivant subissant des changements internes, externes, des évolutions, des régressions… Aujourd’hui, nous croyons à cette unité et nous voulons l’immortaliser. Nous ne disons pas que tout est rose et que tout se passe bien dans le meilleur des mondes. Mais nous souhaitons d’abord parler de ce qui va bien, car beaucoup de choses vont bien et nous pouvons en être fiers.

Enfin, un petit son pour teaser le documentaire ?

Un son de Jibis qui sera notamment en charge de la bande originale du documentaire ! Ce morceau a notamment été utilisé pour le teaser de la campagne de financement participatif.

 

© Photo : MyTrangLe                                                                       

 

L’équipe de la campagne Marianne Danse

 

L’équipe de l’association Tapage Nocturne

Nous retrouvons ici l’initiateur du projet, Florent Aguerra, notamment directeur artistique de l’association et Alexandre Quintana, à la gestion administrative et financière. Co-fondateurs et respectivement dans le monde de la nuit depuis 7 et 13 ans, ils connaissent la chanson ! Jibis, résident Tapage Nocturne depuis plusieurs années, sera aux manettes pour confectionner la Bande Originale du documentaire.

 

Une équipe d’étudiants de Digital Campus Lyon

Suite à un appel à projet du Digital Campus, nous travaillons depuis octobre 2018 avec une équipe d’étudiants sur motivés de cette école pour la campagne de financement de ce documentaire avec :

Morgane Hugé, membre de Tapage Nocturne, chargée de projet et coordinatrice globale

Amaury Pupat, assistant de Morgane et à la stratégie pour monter la campagne de crowdfunding

Martin Dufournet, Julien Egea aux créations des contenus visuels (logo, affiches, charte graphique…)

My-Trang Le et Maxence Badoil à la réalisation du site web

Andréa Nardini, Mayeul Gonthier et Baptiste Abry en supports polyvalents

 

Une équipe d’indépendants

Luc Bordas, Quentin Lacourt, Julien Allet & Adrien Aujas Tous travaillant dans le cinéma, la photographie ou le digital et pour la plupart en freelance, ils réalisent interviews, photographies & supervisent la réalisation. Passionnés, ils travaillent avec nous depuis le début totalement bénévolement, dans l’espoir que nous puissions concrétiser ce projet !

Christine Samandel est également de la partie pour les relations publiques et privées, ainsi que pour la co-écriture du scénario.

 

Une équipe de professionnels du cinéma

Arthur Fanget & l’équipe Shoot It sont deux producteurs de films & court métrages Lyonnais expérimentés ayant déjà un beau palmarès. Ils apportent du recul et de la finesse à notre travail, et nous aident à porter le documentaire le plus loin possible. Ils ont notamment travaillé avec Dour, Vitalic, N’to ou encore Fakear…

 

KissKissBankBank

« Une dédicace à notre conseillé attitré : Adrient Biot ! Pour son aide précieuse, sa bienveillance et ses nombreux conseils. Il nous aura donné toutes les armes pour réussir ! »

Retrouvez plus d’informations sur la page Facebook de Marianne Danse et sur leur site Internet.

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