Chris Liberator : « Je sympathise totalement avec les collectifs français qui se sont battus pour que les raves aient lieu ».

Le pionnier de l’acid techno et du mouvement rave des années 90 est invité le 28 juin par le collectif Volum’ pour une date exceptionnelle à Paris. Après 2 ans d’existence au Créalab, aux Caves Saint Sabin et aujourd’hui à l’Officine 2.0, les soirées Acid Whirl de l’association Volum’ mettent à l’honneur les grands noms de l’Acid internationale. 

Bonjour Chris, merci de nous recevoir ! Tu es ici pour l’Acid Whirl Party, heureux d’être de retour en France ?

Oui, bien sûr ! J’adore jouer en France, la scène ici est vraiment bonne en ce moment.

Tu viens de sortir un titre sur un nouveau label lyonnais « Homicid » (« C’est dans ton putain de cerveau« ), est-ce important pour toi de soutenir de nouveaux labels ou de nouveaux projets sur la musique électronique ?

Oui, surtout ici en France car c’est une scène nouvelle et forte. Les nouveaux artistes et labels comme Homicid et Molekül ouvrent la voie à quelque chose qui, espérons-le, créera un mouvement durable. S’il est possible d’apporter mon soutien, alors bien sûr que je le ferai !

À propos de nouveaux projets, quelles sont tes prochaines sorties ?

Je travaille dur sur un nouveau son pour Stay Up Forever avec Darc Marc qui est presque terminé (et j’en suis très excité !), et aussi moi, Aaron Liberator, et Sterling Moss commençons une nouvelle version de Wipeouts, également pour SUF (qui fait suite à notre dernière version sur WahWah). Je viens de faire un remix pour la première sortie d’Acid Punk Royale (sur vinyle uniquement), et quelques remixes de Headrush Tactics (un de mes vieux projets avec Ant) que j’ai fait avec Sterling Moss sur Stay Up Forever Remix (via Flatlife)… J’ai aussi un remix sur un autre label français CERBERE avec Darc Marc bientôt disponible, et un titre sur le prochain Maximimum Minimum avec The Dice, Mickey Rat et Geezer.

Comment est-ce que tu expliques que les disques d’acid produits dans les années 90 sont encore joués et remixés aujourd’hui avec la même énergie qu’avant ?

C’est incroyable, je pense qu’avec l’acid en général, le son ne date jamais. La 303 elle-même est tellement expressive qu’elle est capable de tordre votre esprit et votre corps plus que tout autre instrument électronique. Je joue encore beaucoup de vieux disques d’acid, et nos premiers Stay Up Forevers/Routemasters etc. sont encore frais aujourd’hui !

Acid Techno pour toujours ? Ou est-ce que tu comptes travailler sur de nouveaux styles de musique électronique ?

L’Acid Techno est une école assez large, nos étiquettes couvrent beaucoup de sons et pas seulement des 303 bangers traditionnels, donc il y a de la place pour essayer différentes choses. Bien sûr, nous faisons aussi de la techno, mais de temps en temps, c’est agréable de travailler avec des breaks, ou même de la tech-house, que j’aime bien aussi.

Que penses-tu de la nouvelle scène « rave » qui apparaît aujourd’hui, qui donne une bonne place à l’acid avec des artistes comme Voiron, Darzack, Ling Ling ?

C’est fantastique, c’est si bon de voir une scène aussi saine, et de nouveaux artistes qui apportent des éléments frais et de l’énergie à cette scène !

A propos de cette nouvelle scène, de plus en plus de lieux sont fermés par la police, les raves sont annulées… Y a-t-il des similitudes avec ce que tu as vécu dans les années 90 ?

Ce n’est pas nouveau pour nous, nous nous sommes battus contre cela tout au long du début des années 90, et nous le faisons encore dans une certaine mesure ici au Royaume-Uni. Les Spiral Tribe ont d’abord déménagé en France (je le sais parce que je suis venu jouer sur le premier Teknival français en 93, je crois) pour échapper aux autorités britanniques qui avaient pris des mesures sévères à l’époque. La scène s’est ensuite développée en France malgré quelques pressions policières initiales. Mais nous nous sommes restés au Royaume-Uni et la scène rave a continué de prospérer, malgré le fait que la police fermait souvent les soirée et confisquait les soundsystems. Parfois c’est difficile de les battre, alors je sympathise totalement avec les collectifs français qui se sont battus pour que les raves aient lieu. Tout ce que je peux dire, c’est… « Who dares win » !!!!! Continuez, ce n’est pas un crime de faire la fête !!!!!!!

En 1994, après la publication du Criminal Justice Bill, tu as décidé de rester à Londres, même si de gros crew comme Spiral Tribe ou Bedlam ont décidé de s’installer en France. Pourquoi as-tu fait ce choix ?

Ha ha ha, je n’ai pas vu cette question venir d’où ma dernière réponse !! On jouait à Londres chaque semaine avec Bedlam, et on s’est aussi liés avec eux aux Teknivals de Lechlade et Castle Morton qui ont déclenché le Criminal Justice Bill. Eux étaient donc très désireux  de venir en France, et Steve (Bedlam) a vraiment essayé de nous persuader. Nous avions un lien avec une autre équipe appelée Conspiracy avec qui nous allions avoir notre propre camion, mais ils ont tous été arrêtés après Castle car ils faisaient face à de graves accusations.

Cela nous a fait une nouvelle fois réfléchir à partir à l’étranger de façon permanente, car la scène rave de Londres commençait vraiment à être énorme, et nous avions réussis à éviter de sérieux ennuis avec la police, même après que la CJB soit passé – ils ont décidé de ne pas la renforcer à Londres pour une quelconque raison, même si ils arrêtaient des soirées de temps en temps. Nous avions également des plans pour notre label et ça commençait à marcher pour Immersion dans des rave assez importantes, donc nous nous sentions assez bien pour rester. Pour nous c’était le meilleur choix car l’Acid Techno et la scène londonienne venaient tout juste de se lancer – c’était les meilleurs moments de ma vie !

J’ai vu que tu joues toujours dans 2 groupes punk (Dogshite et Hagar The Womb), mais penses-tu que le punk existe encore de nos jours ?

Oui, le punk a changé ma vie, et c’est cet esprit qui est passé par là pour forger les principes de notre époque sur la scène de la musique électronique. Aujourd’hui, je suis en route pour le festival Convoy Cabaret Naughty Corner où je joue avec les deux groupes, puis je joue un set Acid Techno !

Punk underground and techno together united !

English Version

Retrouvez plus d’informations sur la page de l’événement / Volum’ Crew / Chris Liberator.

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