Le futur toque de nouveau à la porte du Royaume-Uni du 2 au 5 avril: le festival Re-textured fera sa deuxième édition pour le plaisir de nos oreilles éclectiques. Mais pas que! Re-textured, c’est le plaisir du corps entier, dans un évènement multi-sensoriel pour plonger en immersion dans une univers froide et vombrissante. Karenn, Hector Oaks ou encore Paula Temple exploreront la techno expérimentale dans un décor avant-gardiste.

Les amateurs de festivals anglais reconnaîtront nos amis d’outre-Manche pour leur canette de cidre, la pluie et leurs chants d’un accent douteux. Il manquait une pierre à l’édifice quand on connaît l’importance de l’Angleterre dans l’existence d’une culture techno mondiale. C’est ici que les premières raves ont eu lieu, apportant des CD futuristes venus tout droit de Detroit. Le désir de connaître les frontières des expériences sensorielles, visuelles comme sonores, c’est les valeurs que prônent les anglais. Il leur manquait une chose: un festival de cette ampleur.

On connaît les très célèbres Atonal de Berlin, les Katharsis de Reaktor ou les Unsound de Cracovie; où la techno brute, crue et expérimentale est de mise. Les puristes s’y rencontrent pour y tenir des conversations obscurantistes, à coup de « synthèse modulaire », de « mathématiques sonores » ou autre apologie du short/t-shirt noir. Plus sérieusement, c’est ici que se joue l’avenir de la techno, dans sa forme artistique la plus pure : celle d’une recherche insatiable du beau, du mieux, de l’inédit. C’est à cette frontière que Re-textured entre dans le paysage festivalier en 2019. Ambitieux, mais réussi. La techno cinglante se mêle avec les architectures de bâtiments tout aussi froid. Le lieu entier semble vibrer au rythme de la musique, comme un sinistre opéra futuriste. Ici, il n’y pas de siège rouge confortable ni de lustre au plafond: la techno, rien que la techno, toujours la techno.

Le festival se veut unique, entre l’architecture moderniste et industrielle, la musique expérimentale et les arts visuels de Londres.

Multisensoriel, à travers plusieurs lieux et genres musicaux, plaçant  les spectacles visuels et les sons mental à l’intérieur des bâtiments imposants, l’offre est alléchante. Mais ne pensez pas y piquer qu’une tête. Re-textured est une spirale, difficile de s’y défaire une fois plongé dans cet autre monde.

L’architecture et la réhabilitation de lieux emblématiques de Londres est un élément majeur du festival. A travers des éclairages innovants, sont transformés et réintroduits le BFI, le Tobacco Dock, le Southbank Centre, l’Oval Space, l’E1 London et le Village Underground. Chaque bâtiment aura son univers, brisant les frontières entre la musique électronique expérimentale et son environnement urbain, qui se doivent d’être à jamais réuni. La techno a commencé dans la ville industrielle de Detroit, a grandi dans la ville déchirée de Berlin, et se doit de fleurir dans ce même climat.

Re-textured frappe fort en 2020 avec un troisième objectif : inviter son public à s’échapper de leur vie numérique et à s’immerger pleinement dans un monde de son, de lumière et d’espace.

A l’heure de la bataille entre les soirées bourrées de portables filmant chaque goutte de set, et les autres essayant d’établir une « no phone allowed policy« ; Re-textured prend le problème à l’envers. Proposer un spectacle immersif, c’est peut-être le meilleur moyen d’abandonner son téléphone, qui sera de toute façon incapable d’en capter le quart.

Dernier combat, non moins actuel : la parité homme/femme est respectée avec la moitié de la programmation féminine. Un engagement sur le long terme, de 2020 et au-delà. En parlant de line-up, c’est une programmation dantesque qui attendra les festivals avec des artistes comme Avalon Emerson, Daniel Avery, Paula Temple b2b Snts, Silvia Kastel ou encore SPFDJ. Avec son positionnement immersif, les lives seront nombreux et sont attendues les prestations du duo British Murder Boys, Actress, Hiro Kone, Donato Dozzy et bien d’autres artistes locaux et internationaux.

Toutes les informations relatives à l’évènement sont sur leur Facebook et Instagram.

Photo Alva Noto © Mike Portlock