Provocative Women For Music #2 : de la parité, du consentement et 140 BPM sur le dancefloor

Si l’on vous parle d’une soirée dans un parking souterrain d’un hôtel près de La Chapelle, vous imaginez quelque chose de glauque. Normal. Et pourtant, le collectif PWFM, en partenariat avec Night Embassy Paris, a réussi à transformer le parking du Kube Hôtel en un lieu cool ouvert au dialogue ainsi qu’un dancefloor safe pour tou.te.s le temps d’une nuit le 29 février lors de la Provocative Women For Music.

Artistes, programmatrices, collectifs, (presque) toutes les meufs les plus engagées et fêtardes étaient présentes ce soir-là pour parler violences sexuelles, consentement ainsi que de la place des femmes et personnes queer dans ce microcosme qu’est le milieu festif. Microcosme peut-être, mais  »ce petit milieu de monde de la nuit reflète la société », selon Le Bruit de Fond. Ce collectif, en partenariat avec PWFM, a décidé de montrer la réalité du monde de la nuit pour les femmes au travers du documentaire La nuit venue, on y verra plus clair.

La projection de la bande-annonce du documentaire a tiré les grandes lignes des discussions prévues notamment au sujet de l’invisibilisation des artistes féminines et queer. Comment y remédier ? Certaines préconisent des line-up ou des soirées 100% féminines. Pour Mathilda Portoghese, commissaire d’exposition :  »Il est nécessaire d’organiser des événements qu’avec des meufs. Woman’s Speech, ça a commencé par un groupe Facebook avec des programmatrices, des RP et autres femmes du métier pour pouvoir se fédérer. Le premier truc qui a été mis en place, c’est une base de données sur Excel où chacune a pu rentrer ses coordonnées, on a pu se connaître et se booker. » Aussi simple que ça. La parité dans les programmations reste problématique. En effet, en 2018, 15,3% des artistes programmé.e.s étaient des femmes sur 47 structures interrogées par la Fédélima. Selon Cassie Raptor, DJ et VJ :  »Même si on a envie d’une mixité parfaite et bienveillante, il y a du chemin à faire. Les femmes ont besoin d’espaces d’expression et de liberté où elles sont moins sexualisées et moins exposées à des agressions. » Car oui, les inégalités sur le dancefloor ne se limitent pas à la parité inexistante, les violences sexuelles existent aussi en milieu festif.

Plus de danseur.se.s, moins de frotteur.se.s avec Consentis

Selon l’enquête menée par l’association Consentis en 2018, plus de 60% des femmes ayant répondu disent avoir été victimes de violences sexuelles en milieu festif contre 10% des hommes. Selon Domitille Raveau, co-fondatrice de l’association :  »Ce chiffre est probablement plus élevé car la plupart des personnes ayant répondu à notre enquête ne savaient même pas à quoi correspondaient des violences sexuelles.’‘ Afin de pallier le manque d’informations à ce sujet, l’association décide de sensibiliser et d’informer au travers de stands dans divers lieux festifs une fois par mois sur le consentement. Et si certain.e.s ont encore un doute sur ce qu’un  »non », un  »peut-être » ou une non-réponse signifie, on vous invite à regarder attentivement cette vidéo. Ça peut toujours servir.

Un dancefloor politique

Après deux discussions intéressantes avec de multiples actrices du monde de la nuit, place à la fête, la vraie. La piste s’ouvre sur une performance surprise et mystérieuse de la team Myst. Plusieurs meufs cagoulées, seins bandés et en pantalon noir font face au public, crient  »We are provocative, we are women, we are provocative women » et se mettent à danser. Elles invitent le public à faire de même en l’emmenant sur la piste au deuxième étage du parking souterrain. En fond sonore, l’artiste Tryphème ouvre le bal avec son IDM planante mêlant le chant aux machines, en l’occurrence ici un synthétiseur analogique rappelant fortement les sonorités des années 80. Après 45 minutes de live dédié à son nouvel EP Aluminia, Tryphème laisse la place à LISA pour un b2b avec Soul Edifice. La chaleur monte d’un cran. En effet, on a à faire à deux artistes qui pourraient aisément détrôner Gesaffelstein, feu prince noir de la techno.

Puis les b2b s’enchaînent au fil de la nuit entre Lacchesi et Léa Occhi. De quoi accélérer notre rythme cardiaque au vu du nombre de BPM. Tout ça pour finir sur un b2b2b2b, autrement appelé  »b2b du love tous ensemble ». Un bon moyen de conclure une soirée qui a posé les bases sur ce qu’est le vivre-ensemble sur la piste et sur la place de la créativité dans la nuit techno.

Retrouvez toutes les informations sur l’événement Facebook, et rendez-vous le 25 avril pour la prochaine soirée Provocative Women For Music #3.

Photo à la une © Julie Montel
Photo dans l’article © Thomas Smith – The Party Diary
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