Headbutt Project célèbre un an de festivités pluridisciplinaires à la Station Gare des Mines
La route vers un bon événement n’est jamais très loin mais pas toujours facile à trouver. Heureusement “The place to be” vous indique le chemin. Des présentations au concept, en passant par la programmation et ce jusqu’au public : tout pour savoir où vous mettez les pieds. Bienvenue dans notre focus événement.
Headbutt Project, c’est avant tout un espace de rencontre et d’expression, à la croisée de la performance, de la danse et de la techno. Des soirées singulières, rassemblements de passionné·es, qui redonnent à la communauté noire et queer la place qu’elle mérite sur la scène électronique. Derrière ce projet, Vanille et Marie souhaitent créer une expérience immersive, en prônant inclusivité, qualité sonore optimale, et authenticité des artistes. Headbutt casse les codes, en mettant en avant une vision de la fête ludique et subversive.
Pouvez-vous nous expliquer la genèse du Headbutt Project ? Quelles en sont les valeurs primaires ?
L’idée de Headbutt est apparue dès nos premières discussions avec Vanille il y a trois ans, lors de notre rencontre à Marseille. On réalise que l’on est deux filles métisses qui aiment la techno, danser, faire des rencontres, et pourtant personne ne nous ressemble dans les organisateur·rices en France. On partage l’idée que la nuit est un espace de rencontre et d’expression super intéressant bien trop souvent utilisé dans une sorte de répétition qui ne nous va pas. Cette constatation a immédiatement suscité en nous un engouement qui nous lance dans une promesse : un jour, on organisera nos propres soirées. Même si on ne se connaissait pas vraiment à ce moment-là, on avait déjà décidé qu’ensemble, il fallait que l’on fasse quelque chose.
Nos valeurs sont les premières choses que nous avons questionnées avant de commencer à penser notre première soirée. Tout part toujours de nos expériences personnelles et de l’atmosphère que nous souhaitons construire.
Valeurs :
- Qualité sonore et ambiance optimales.
- Rassemblement des passionnés de musique techno.
- Pas de hiérarchie artistique, seule compte l’authenticité.
- Promotion de la culture noire dans la scène musicale.
- Tolérance zéro envers toute forme de discrimination, pour créer un espace festif et inclusif.
Le projet naît entre autres de la nécessité de transformer les fêtes en espaces safe et inclusifs. Quels sont les principaux outils, techniques comme théoriques, à mettre en place pour ce faire ?
Nous avons choisi La Station, car c’est l’endroit qui nous semblait le mieux correspondre à notre ADN. Il n’est pas nécessaire de s’habiller d’une certaine manière et on ne s’y sent pas jugé. Les équipes de sécurité sont disponibles et sympathiques, ce qui est malheureusement de plus en plus rare. Lors de nos événements, nous ne restons pas toute la soirée en backstage ou dans notre coin. Nous-même, ainsi qu’une équipe de plusieurs personnes, restons attentifs·ves. Nous n’hésitons pas à discuter avec les personnes présentes et à observer s’il y a besoin de réagir à un moment en particulier. La meilleure façon d’être vraiment conscient·e des besoins est de s’infiltrer dans la foule, cela nous permet réellement de comprendre qui est notre public. Nous n’avons qu’un an, et nous cherchons à collecter les retours et témoignages suite à nos soirées, pour réussir à trouver les meilleures solutions afin de créer des espaces de fêtes contrôlés, qui nous ressemblent. Notre slogan « Please don’t come », c’est notre façon dissimulée de repousser toute forme de comportement inapproprié, si tu n’es pas HEADBUTT : « PLEASE DON’T COME ».
La performance et la danse tiennent une place majeure dans le projet. Pourquoi était-ce si important pour vous de mettre aussi en avant d’autres disciplines ?
Si nous aimons autant la musique, c’est surtout parce que nous aimons danser. Pour nous, c’est vraiment ce qui rend un événement beau, et permet au public de se connecter. Si le public oublie tout et danse, alors la soirée est une réussite. Mettre en avant des danseurs et des performeur·euses dans notre programmation représente un moyen concret de contrôler l’impulsion et l’énergie de notre soirée. Nous essayons des choses ; la plupart du temps, les artistes invités n’ont jamais été bookés pour danser lors d’une soirée techno, mais leur énergie et leur connaissance du corps apportent vraiment une dimension nouvelle. Lors de notre première soirée, Bjoley, l’un des danseurs que nous avions invité, a déambulé dans la foule pour s’assurer que tout le public s’anime, et a réussi à créer une battle, c’était incroyable. Le focus n’était plus uniquement centré sur le DJ ; on pouvait entendre les gens s’exclamer pour la danse. Ce moment nous a permis de comprendre que nous avions fait le bon choix : les danseur·euses sont indispensables à nos soirées. La performance permet également de déplacer l’expérience de la fête : un artiste comme Borgial, que nous invitons régulièrement, s’incarne avec toute la force de son héritage et de son esprit sur scène, c’est au travers de tels artistes que l’identité d’Headbutt s’inscrit. Nous souhaitons créer des espaces d’expression pour les artistes en lesquel·les nous croyons. La fête représente le premier terrain de jeu où les choses sont naturellement possibles, et où le public peut être embarqué sans s’y attendre.
À quoi ressemble le public de Headbutt ?
Notre public aime la techno, danser, et n’hésitera pas à monter sur scène pour se laisser aller. On se réjouit, car il est de plus en métissé, et ce, sans que nous ayons eu besoin de le revendiquer. Nous avons reçu dès le début le retour de personnes qui se réjouissaient d’avoir vécu une soirée à l’énergie aussi lumineuse et conviviale. De plus en plus de nouveaux·elles artistes nous contactent pour participer à ce qui se crée avec Headbutt. C’est exactement ce que nous souhaitions : donner à tout le monde la possibilité d’oser s’exprimer.
La DA d’Headbutt est un élément important du projet, puisqu’elle fait aussi partie de l’identité de la soirée. Comment l’avez-vous conçue, quelles en sont les inspirations ?
Nous ne souhaitons pas communiquer sur une quelconque revendication ou appartenance à une communauté sur nos réseaux ou visuels. l’objectif est de faire passer des messages de manière créative, et ce, sans avoir à s’exprimer oralement. Nous pensons qu’il est nécessaire de cesser de chercher constamment à s’associer à un certain type de label pour promouvoir une éthique qui, la plupart du temps, est peu respectée.
L’identité de Headbutt est la nôtre, Marie est un couteau suisse, elle réfléchit et conçoit chacun de nos visuels. Nous souhaitons au maximum tout faire à la main. Lorsque l’on a fait ce flyer qui mélange les différents visages des DJ invités pour n’en créer qu’un seul, c’est parce que l’on a compris que Headbutt c’est avant tout une histoire qui va se créer en mélangeant chaque personnalité, et en faisant les choses ensemble. On souhaite réellement casser les codes de la starification actuelle pour mettre en avant une vision singulière, forte et ludique. Pour nous la force de la technologie, c’est quand l’humain en reste maître, pas l’inverse.
La priorité est de faire en sorte de tout mettre en place, en pleine conscience de nos valeurs, pour laisser notre travail, notre créativité, notre esprit et nos choix parler pour eux même.
Headbutt a 1 an. Quels sont ses projets pour la suite ?
Headbutt est avant tout une façon d’aborder les choses. Nous sommes de grands enfants aux esprits créatifs qui, malheureusement, ne se reconnaissent pas forcément dans ce qui est proposé aujourd’hui. Notre double culture est notre richesse, la culture africaine est notre source d’inspiration, et la motivation de tout ce que l’on crée. Nous avons grandi dans une société et dans différentes cultures qui ont aiguisé nos goûts, et notre propre façon de vouloir parler de la musique. Avec Headbutt, l’objectif est d’utiliser la musique pour créer des échanges, des rencontres et des espaces d’expression sans jamais se mettre aucune limite. Nous commençons à mettre en place notre label, et nous ne nous imposons aucune limite sur les potentiels moyens qui nous permettront de mettre en lumière les artistes auxquel·les nous croyons. Un prochain format vidéo sortira bientôt, mais on préfère ne pas trop en parler pour le moment.
Envisagez-vous de vous produire dans d’autres lieux, en France comme à l’étranger ?
Complètement. Headbutt commence en France, car c’est ici que nous sommes nées, mais nous souhaitons réellement nous exprimer partout et ne pas nous restreindre uniquement à la France. Créer des événements en Afrique et Asie, par exemple, est l’un de nos plus grands désirs.
Le manque d’inclusivité dans les programmations en France et en Europe est aujourd’hui une préoccupation majeure des scènes de musiques électroniques. Comment Headbutt élabore ses line-up pour remédier à cela ? Quelle réflexion est menée concernant les artistes invité·es ?
Tout d’abord, nous choisissons nos artistes par coup de cœur ; la majeure partie de notre travail se déroule à ce niveau. Nous passons énormément de temps à trouver une line-up qui correspond à ce que nous souhaitons voir. Vanille est DJ, et nous nous appuyons beaucoup sur son expérience pour construire et proposer des line-up qui ont du sens pour nous. Être deux femmes à la tête d’une organisation comme Headbutt n’est pas anodin ; nous ne comprenons pas vraiment pourquoi la scène techno actuelle n’est pas plus noire et mélangée en termes de styles. Nous réfléchissons également à nos line-up en essayant au maximum de mélanger les petits et grands noms. Pour notre prochaine soirée, nous sommes ravies d’accueillir une artiste comme Slim Soledad, aux côtés de Herton et Suerte, qui ne manquent pas de caractère dans leur musique. Nos lives sont également très excitants; Joe Keita est un chanteur incroyable qui performera avec Behzad sur des sons qu’ils ont spécialement produits pour notre événement. Cela sera presque du sur-mesure pour Headbutt, c’est tout ce que nous recherchons.
Vous avez choisi La Station Gare des Mines comme lieu d’accueil. En quoi cet endroit participe-t’il à l’ADN d’Headbutt ? Et plus généralement, comment les lieux festifs contribuent-ils à l’identité de leurs soirées selon vous ?
La Station Gare des Mines est un lieu convivial qui met en avant la scène artistique émergente. On peut assister à des concerts, des expositions, participer à des ateliers ou y faire la fête. Nous sommes arrivés à Paris cette année, ce qui nous a vraiment permis d’avoir un regard neutre lors de nos décisions. Lorsque nous avons sélectionné l’emplacement pour la 1ère Headbutt, nous avons exploré et évalué différents endroits. Il est primordial pour nous de faire des choix qui découlent de notre propre expérience. La Station s’est révélé être le premier lieu qui nous a permis de nous projeter réellement dans un espace. La scène nous permet de mettre en avant nos performeur·euses et danseur·euses. Une équipe sur place prend en charge avec enthousiasme la gestion du son et de la lumière, tandis que des agents de sécurité sont disponibles et bienveillants. L’extérieur offre la sensation agréable de pouvoir déambuler d’un endroit à l’autre en se sentant libre de faire de nouvelles rencontres tout en profitant de ses amis.
Samedi 13 avril à la station Gare des Mines, Paris · Billetterie
Voir cette publication sur Instagram
Technopol à besoin de votre soutien !
Pour devenir adhérent·e·s à notre association et participer à nos actions de défense et de promotion des cultures électroniques 👉 Cliquez sur ce lien !