PREMIERE | RAVL – Col Tempo [Silence Collapse]
De quoi bien commencer la semaine, le producteur marseillais RAVL nous a confié en exclu, sa track Col Tempo qui paraîtra le 24 janvier sur le deuxième VA du collectif et label lyonnais Silence Collapse. Une compilation regroupant 11 tracks entre dubstep, IDM ou encore Club Music qui représente bien la philosophie du crew : représenter la richesse sonore et l’éclectisme musical de notre scène. Rencontre.
Dans quel contexte le label Silence Collapse est-il né ? Qui est derrière le projet ?
Silence Collapse dans un premier temps, c’est une bande de potes issue du Sud de la France qui font tous de la prod et qui laissent leurs musiques moisir dans leurs disques dur 😉
À l’initiative de Somilat, on s’est dit que ça serait cool de créer une plateforme pour se forcer à partager et défendre cette musique. On a tous des affinités aussi bien musicales qu’humaines qui remontent maintenant à plusieurs années, et c’était juste la suite logique à faire que de s’unir pour émuler les capacités de chacun. On se définit d’ailleurs plus comme un collectif qu’un label car on cherche vraiment à créer un espace de partage. Notre première sortie en 2022 était un VA qui posait les bases de notre philosophie : l’éclectisme musical. On est à la recherche d’un son qui se démarque et qui essaye de s’affranchir des barrières stylistiques trop marquées. L’adjectif Leftfield nous a toujours plu car il représente des styles de musique qui ne sont pas spécifiquement destinés au dancefloor tout en englobant énormément de choses.
Votre prochaine release est une compil de 11 tracks qui mélange Dubstep, IDM ou encore de la Club Music. Comment définiriez-vous la DA de ce projet et comment la sélection des artistes s’est-elle faite ?
Notre D.A. était extrêmement simple : contacter des gens que l’on kiffe, aussi bien pour leurs qualités humaines que musicales et les laisser faire ce qu’iels veulent. Tout le monde s’est prêté au jeu en connaissant la ligne directrice du label et nous sommes super heureuxse du résultat car il y a pour nous une vraie cohérence musicale alors que rien n’était prévu à l’avance. Les choses se sont faites vraiment naturellement et nous sommes très fier·es de pouvoir offrir un registre aussi varié pour représenter les couleurs du label.
On sort aujourd’hui « Col Tempo » de RAVL sur Technopol. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Silence Collapse : Un track intense et percussif, qui relie des univers que l’on affectionne particulièrement, en mélangeant une dynamique club tout en ayant une narration et un développement qui tendent vers une couleur plus mélancolique. Un mélange d’ambiances qui se marient à souhait, à déguster aussi bien devant un gros sound system qu’à écouter chez soi en mode bougies et petites lumières tamisées.
RAVL : Je rejoins Silence Collapse sur le fait que ce track est aussi bien fait pour un dancefloor enivré que pour une écoute plus perso et intime. On passe d’un morceau d’abord très axé percussions, breaks et dialogues rythmiques, à une seconde partie beaucoup plus mélancolique, mélodieuse et onirique.
RAVL, quel a été le process pour la création de ce track ?
Comme souvent, je suis parti du travail sur les drums. Je savais déjà que je voulais quelque chose mêlant des éléments de Trap, avec des gros kicks pleins de subs vrombissant, et des breaks plus axés Jungle/IDM qui leur répondraient.
Après avoir essayé plusieurs mélodies et timbres pour la deuxième partie, je me suis dis que ce serait cool d’essayer de faire des petits vocaux un peu à la Burial. J’ai samplé une voix dans un morceau de Folk américaine et je l’ai trituré pour en faire une espèce de mélo, sur laquelle j’ai ajouté la ligne de synthé et des petits pads/clochettes pour plus de douceur.
Même si ça reste assez intense tout du long, le but de cette seconde partie était justement de plonger dans quelque chose de plus contemplatif et rêveur. Une fois accompagnés de ces synthés et vocaux harmonieux, les percussions qui étaient jusque là plutôt sombres prennent une tournure beaucoup plus douce et vaporeuse.
Et enfin, pour ce qui est du nom, j’avais déjà l’intention de nommer un morceau comme ça après avoir vu cette inscription sur la façade de la maison Castagnola à Bastia. Le sujet de la temporalité étant très souvent présent dans mes créations, je trouvais que ça collait bien avec ce morceau dont l’atmosphère se transforme entre le début et la fin.
Comment votre collaboration a-t-elle vu le jour ?
Somilat : On s’est connecté avec Val lors de la sortie de mon EP « The Reason » sur le label montpelliérain Contre Jour. J’avais été bien scotché par ses dernières sorties et lorsque l’idée de la VA est apparue, il me semblait logique de lui proposer de faire partie du projet. On est évidemment ravis qu’il ait accepté, d’autant plus qu’il a su garder l’énergie qui caractérise ses productions tout en apportant un registre plus mélodique et aérien, et qui donne un résultat qui s’inscrit pleinement dans la DA du label.
RAVL : Comme l’a dit Somilat, on a commencé à parler musique après la sortie de The Reason, son EP qui m’a rendu ouf et que j’ai surponcé à sa sortie. Moins d’un mois après, il m’a proposé de participer à ce beau projet de VA pour Silence Collapse. Je savais déjà que ce serait une sortie incroyable, étant donné que Gipsyan, LeTo et Somilat seraient de la partie, et que donc j’ai accepté direct. Et en effet ça a pas loupé, la release est excellente dans sa totalité et je suis super fier d’en être !
Que pensez-vous de la scène électronique aujourd’hui ?
Silence Collapse : Malgré les nombreuses difficultés économiques ou structurelles que peuvent subir les différents acteurs de la scène, d’un point de vue purement musical je pense que la période est vraiment intéressante et propice à la créativité et à l’exploration. À l’échelle de la scène locale lyonnaise dont on fait partie, les lieux pour jouer sont assez restreints ce qui favorise les rencontres entre styles et collectifs en créant ainsi un espace dynamique propice au partage.
On aimerait surtout que les politiques culturelles soient davantage à l’écoute des petits acteurices qui nourrissent l’énergie des scènes locales, et pas seulement tournées vers les grosses structures et artistes qui sont déjà bien en place.
RAVL : Je rejoins à nouveau mon homologue lyonnais sur sa vision de la scène actuelle ! En fait, même si tout est loin d’être rose, je trouve qu’on vit une période ultra galvanisante en termes de création. La scène qu’on affectionne tout particulièrement, donc plutôt celle de la Bass Music, de la Leftfield Techno et de tous ces bails entre Global Bass et (nanani [insérer nom de style underground] nanana), est en giga ébullition, que ce soit en France ou à l’international.
En revanche, comme l’a dit Somilat, étant donné les difficultés économiques qu’implique le fait de prendre des risques du côté de la programmation, de l’organisation d’événements ou des choix artistiques, j’ai l’impression que c’est une scène qui se débrouille par elle-même, non pas (seulement) par choix mais surtout par nécessité.
Alors c’est beau, parce que par conséquent, les acteurices de cette scène se serrent les coudes dans l’ensemble, sortent de la musique incroyable, et beaucoup de collectifs et labels bossent ensemble et prennent des initiatives pour pousser cette musique. Mais il faut garder en tête que c’est très difficile et risqué économiquement d’organiser ces events et de sortir de la musique dans ces genres qui restent sous-représentés.
Donc, soutenez vos artistes et orgas préférés : faites la teuf !
Comment souhaitez-vous faire évoluer le label dans les prochaines années ?
On cherche à s’implanter et se développer au mieux dans la scène locale lyonnaise en y apportant notre touche, que ça soit par l’organisation de soirées ou en collaborant avec le milieu associatif. C’est une partie qui nous tient vraiment à cœur et que l’on cherche à développer au mieux. Pour la VA, tous les fonds récoltés seront reversés à l’association « Tous à la Musique » qui propose des cours de musique à des enfants en situation de précarité. On cherche à collaborer avec ces derniers en proposant des ateliers animés par des membres du collectif.
On est également toujours friands de découvrir de nouveaux artistes et mettre leur travail en avant tout en développant le label sorties après sorties.