Technopol Mix 087 | SIBI

Des grosses basses et de la vitesse, cette semaine, c’est SIBI, DJ et bientôt productrice qui prend les commandes de notre SoundCloud pour une heure de set entre pépites old school et unreleased de ses artistes pref’.

Très engagée depuis plusieurs années sur la scène des musiques électroniques, elle a notamment fondé son association, Rave Safe, qui accompagne les collectifs dans les domaines de la réduction des risques et de la bienveillance en milieu festif. Plus récemment, elle a lancé aux côtés de Potalakompote et Meyjii, l’agence et collectif Têtes Brûlées Agency dédié au booking d’artistes et à l’organisation d’événements de musiques joyeuses (et plus spécifiquement trance, hard dance et hardcore). En bref, une artiste hyper-active qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

 

Qu’as-tu préparé pour ce podcast ? Peux-tu nous parler un peu de ta sélection ?

Pour ce set, j’ai sélectionné des tracks que j’ai beaucoup joué en club ces dernières semaines ainsi que des morceaux que j’écoute en boucle en ce moment. Une sorte de plongée au cœur de ce qu’est mon univers musical depuis plusieurs mois.

J’aime à la fois les nouvelles productions et les vieilleries. J’adore blender des sons que j’ai diggé sur des vieilles compils trouvables uniquement sur Youtube avec des unreleased d’artistes émergent·e·s que je soutiens. Ça peut être un exercice périlleux parce que les techniques de mixage et de mastering ne sont plus du tout les mêmes mais ça fait partie des charmes du métier !

J’aime insuffler une dynamique changeante au sein de mes sets : des surprises, des accélérations, des décélérations, des grands virages… J’aime l’idée que l’auditeur·ice ne sait pas ce qui l’attend au tournant, c’est pourquoi je m’efforce de concevoir des tracklists variées et éclectiques.

J’ai choisi d’inclure des tracks composés par des producteur·ice·s de la scène actuelle, comme Karlfroye (opening track), KimberlaID, Hart Grilae ou encore Lenor (l’un des membres du duo Lektra). Ce sont des artistes qui me touchent beaucoup et je souhaite faire connaître leur travail à travers mes sets.

Je mets un point d’honneur à jouer des morceaux composés par des artistes émergent·e·s, surtout dans une industrie où les producteur·ice·s sont si peu rémunéré·e·s et crédité·e·s. Nous, les DJ, ne serions rien sans les producteur·ice·s. Jouer leurs œuvres et les créditer, c’est le moins que l’on puisse faire : non au gatekeep !!

 

En tant qu’artiste, comment souhaites-tu évoluer dans les années à venir ? Y a-t-il un nouveau moyen d’expression artistique que tu aimerais utiliser ?

Je n’ai pas eu la chance de faire de la musique quand j’étais plus jeune, ce qui m’a toujours beaucoup attristée. J’ai essayé de me mettre à la guitare ou au piano en autodidacte, mais je n’ai jamais réussi à m’y tenir. Quand j’ai découvert la MAO, ça a été une révélation.

Je bosse beaucoup en sous-marin sur des projets de production. Je prends des cours, j’y consacre une bonne partie de mon temps. Je travaille dur ! Je compte sortir mes premiers projets en 2025, stay tuned…

J’ai également un rêve secret, mais ça reste entre nous : faire du live. J’adore bidouiller des synthés, créer des rythmiques, partir à l’aventure. Et l’un de mes objectifs serait d’en faire un jour sur scène.

 

Quels sont tes projets à venir ?

Avec des amis, Potalakompote et Meyjii (et toute une team de gens super stylés), nous avons lancé un nouveau projet : “Têtes Brûlées Agency”, dédié au booking d’artistes et à l’organisation d’événements de musiques joyeuses (et plus spécifiquement trance, hard dance et hardcore).

Je rejoins donc ce projet en tant que DJ résidente, curatrice et référente RDR/bienveillance. Notre premier événement est prévu le 22/11/2024 à l’Espace Club à Rennes. Pour l’occasion, nous avons invité Shanixx et SM:LY (Nuit Libre) et on a prévu un DJ booth en 360 pour favoriser la proximité avec le public. J’y jouerai en closing !

 

Plutôt peak time ou closing ? Pourquoi ?

Je ne suis pas partisane des line up BPM-centrés. Ce n’est pas parce que tu joues plus rapidement que les autres que tu dois automatiquement jouer en closing. Je pense qu’il faut aussi prendre en compte l’énergie, la vibe. Mes sets sont très énergiques, euphorisants, ça donne envie de se défouler, et je pense que tout ceci a plus sa place en peak time qu’en closing. Néanmoins, j’aime également jouer en dernier. A mon sens, ce sont deux exercices différents.

Je pense qu’il y a un réel enjeu pour les artistes qui ouvrent et qui ferment un événement. Quand on ouvre, il faut accueillir le public, les mettre en jambe, qu’iels se disent “aaahh on est arrivé·e·s à [nom de la soirée]” pendant qu’iels déposent leurs affaires au vestiaire ou vont se chercher un truc à boire. En parallèle, quand on est le dernier artiste à passer, il faut accompagner cette fin de soirée. J’aime jouer des tracks super énervés et euphoriques, puis faire redescendre la pression avec des morceaux plus planants, contemplatifs.

C’est ce que j’ai fait au festival Château Perché : je jouais en closing, de 6h à 8h et j’ai décidé de faire un set dégressif, from 220BPM to ambient-ish hardcore. Histoire de conclure l’événement sur des notes poétiques et féériques.

 

Si tu devais changer ou améliorer quelque chose sur notre scène, qu’est-ce que ce serait ?

J’aimerais que l’on remette l’humain au centre des projets. Ce que je vais dire peut paraître très boomer ou bisounours mais je trouve que les statistiques sont au cœur de tous les enjeux, ce qui est fort dommage. On va regarder le nombre de followers Instagram d’un·e artiste avant de le/la booker et ce nombre sera un indicateur de sa légitimité à avoir sa place sur le line up et de son horaire de passage.

J’entends complètement qu’en tant que structure organisatrice d’événements, il faut jouer le jeu d’une industrie de plus en plus compétitive et capitaliste mais je trouve cela dommage que les statistiques soient au cœur de toutes les discussions.

De plus, on entend beaucoup dire aujourd’hui que la musique, électronique ou non, n’est pas politique. Or, d’un point de vue historique, elle l’est. Qu’on le veuille ou non. Il est donc primordial de tout mettre en œuvre pour remettre les réflexions sur la parité, la sécurité ou le respect de chacun·e au cœur de la construction d’un événement. En somme, remettre l’humain au cœur des débats.

 

Outre la musique, as-tu d’autres intérêts et passions ? Comment te trouves-tu et te déconnectes-tu ?

La danse fait partie de ma vie depuis que je suis toute petite. J’ai fait beaucoup de classique mais aussi du hip hop, du modern jazz… En ce moment, je prends des cours de hip hop et ça me fait beaucoup de bien.

Je suis également présidente de l’association Rave Safe, que j’ai co-fondé il y a bientôt deux ans. Notre mission est de sensibiliser et d’accompagner les organisateur·ice·s d’événements festifs dans la mise en place de leurs propres dispositifs de bienveillance et de réduction des risques. C’est une tâche qui me prend beaucoup de temps mais que je suis très heureuse de faire parce que je contribue activement au développement d’espaces plus safe, à la fois pour le public et pour les artistes.

Sinon, quand je ne suis pas sur le dancefloor ou derrière les platines, j’aime être chez moi, un livre et une tisane à portée de main, avec un plaid et mes deux chats. Je suis très casanière, mine de rien !

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