Le Trabendo : une institution du clubbing tournée vers l’avenir
Entrez dans le club et venez fouler les plus beaux dancefloors européens. Technopol est parti à la rencontre des gérant·e·s, des programmateur·rice·s, des chargé·e·s de communication… qui ne cessent de faire vivre nos chères et tendres musiques électroniques. Une ode à leur passion, dans ces lieux de culture, de rencontre et de création : iels se battent pour continuer à nous accueillir dans toujours plus de folies, d’inclusivités et surtout de voyages musicaux. Comment ont-ils évolué depuis leur soirée originelle ? Quelle est la particularité de leur programmation ? Qui sont les fêtard·e·s qui font vivre leurs murs ? Et comment nous feront-ils danser demain ? Iels y répondent dans Enter The Club.
La programmation éclectique et toujours renouvelée du Trabendo en a fait un lieu incontournable de la vie nocturne parisienne. Cette salle conçue en forme d’oreille accueille une diversité d’ambiances et de genres musicaux qui offrent la possibilité à chacun·e de s’y retrouver. Entre concerts et clubbing le Trabendo a su composer une programmation unique, en collaboration avec artistes et collectifs variés. Soirs après soirs, le lieu fait de sa scène un espace de convivialité, festif, tout en ayant particulièrement à cœur de se montrer à la hauteur des enjeux écologiques, d’inclusivité et d’éthique.
Nous avons posé quelques questions à Pablo, son programmateur :
Peux-tu nous présenter le Trabendo ?
Le Trabendo est une salle située au sein du parc de la Villette, construite dans les années 90 et dont la capacité d’accueil est de 900 personnes. On y produit entre 200 et 215 événements par an. C’est une salle qui s’est ouverte à des esthétiques variées. Le spectre y est large, avec une sensibilité accrue pour les musiques électroniques. En termes d’équipes, il y a sept permanents, et une dizaine d’équivalent temps plein. Le Trabendo est reconnu pour sa qualité sonore, mais aussi celle de son accueil, avec sa grande terrasse et la proximité entre public et artiste dont bénéficie la scène.
Quand les activités clubbing du Trabendo ont-elles démarrées ? Quelle en a été l’impulsion ?
Il y a toujours eu du club au Trabendo. Mais c’est depuis la fin du Covid que nous avons particulièrement eu l’envie et l’opportunité de développer cet aspect-là. Nous voulions prendre part à ce mouvement et à tout ce qu’il implique : la diversité des formats, les habitudes des amateurs de musique qui changent…Et bien sûr, il y a la volonté de toucher la jeunesse.
C’est une salle qui se prête très bien au format club, grâce à la qualité du son et la proximité entre la scène et le public. En effet, c’est un bâtiment un peu enclavé, qui offre une ambiance intimiste et dense. L’atmosphère est en lien avec ce qu’on a envie de raconter. On a aussi pu rencontrer des partenaires, notamment des collectifs, Hors-Sol en premier lieu, mais aussi des médias comme Rinse ou Dure Vie et des agences comme Super. Le développement des clubs est quelque chose qui n’est pas du tout individuel, on essaie d’agréger un maximum de monde autour de ces activités (collectifs, partenaires) afin de croiser notre vision avec celles d’autres entités. Nous avons la possibilité de développer cette activité parce qu’il n’y a que des bons retours : artistes, public, collectifs, producteur·rices…Par ailleurs, il est important de rappeler que le travail de nuit est dur, intense, lourd… Tout cela ne se fait pas sans le support de l’intégralité des équipes (sécurité, bar, accueil, régie technique son et lumière, mais également les équipes de ménage, secouristes.) Si le club du Trabendo fonctionne c’est avant tout grâce à ces personnes.
Comment élaborez-vous la programmation du Trabendo ? Y’a t’il une ligne directrice dans le choix des artistes et collectifs ?
Nous travaillons beaucoup avec les producteur·rices pour ce qui est des concerts, et avec les collectifs pour la partie nuit. Ainsi, c’est beaucoup de co-production où nous réfléchissons à au moins deux entités. C’est un travail main dans la main avec d’autres personnes, ce qui permet une meilleure cohérence dans la programmation, et une mise en avant de la nouvelle scène. Même si la programmation que nous élaborons seuls reste minoritaire, on la développe de plus en plus en ce moment. On a lancé le format All Night Long avec des artistes tels que Skin On Skin, et bientôt Infravision (Kendall & Pablo Bozzi) le 3 mai.
Le Trabendo a pour réputation d’avoir un public d’habitué·es. Qu’est-ce qui fait que la clientèle revient ?
Selon moi, c’est tout d’abord la qualité d’accueil qui prime : sécurité, bar, vestiaire…Mais aussi, bien sûr, la qualité du système son, puisque nous avons une super qualité de diffusion sonore et une excellente acoustique. Le confort de l’espace est également apprécié : il y a une grande terrasse, de l’espace pour danser…Une sorte de “coolitude” globale se dégage du lieu. Historiquement, nous ne sommes pas un club, mais une salle de concert, et nous tenons beaucoup à cette distinction : cela permet de se positionner un tout petit peu à l’écart de l’échiquier classique du club. Je pense que les gens apprécient cela aussi. C’est une atmosphère particulière. Et puis il y a également la proximité scène/public qui nous distingue.
Récemment, le Trabendo a rejoint le club Zéro Plastic (un mouvement qui accompagne les organismes à éliminer les objets en plastique de leurs événements) Dans les faits, est-ce que les solutions écologiques sont difficiles à mettre en place pour les clubs ? Y a-t-il d’autres actions de ce type qui vont être réalisées ?
Je pense que lorsque l’on a les ressources et la volonté, il n’y a jamais rien d’impossible. Zero Plastic est une chose, mais on essaie avant tout d’être à la hauteur de ces enjeux, comme de tous les enjeux du secteur actuellement. Typiquement, sur la partie écologie, le plus grand geste que nous ayons mis en place est l’absence totale de climatisation ou de chauffage, parce que cela aurait un impact de consommation énorme pour un lieu tel que le Trabendo. Nous essayons de limiter notre empreinte sur l’intégralité de ce que l’on fait, en activant plusieurs leviers : valorisation des déchets, choix des prestataires, des matériaux…Par exemple, actuellement, nous réfléchissons à une solution pour recycler les mégots de cigarettes.
Cela passe aussi par la programmation. Les artistes, producteur·rices, et l’intégralité du secteur doivent pouvoir avancer en ce sens. Bien sûr, nous ne sommes pas naïf·ve, nous avons conscience que la majorité des artistes étrangers viennent en avion, mais nous essayons de limiter le nombre de déplacements. Nous travaillons la mobilité des artistes, du public. Nous faisons du mieux que l’on peut, mais nous ne sommes qu’au bout de la chaîne. La prise de conscience doit être globale. Par contre, si on hésite entre deux artistes, on va privilégier celui qui a une appétence plus prononcée pour les sujets liés à l’écologie, l’inclusion ou l’égalité… Cela fait partie de notre ADN. Par exemple, on travaille avec des artistes comme Simo cell, ou Déborah Aime la Bagarre, qui placent ces enjeux au cœur de leur projet artistique. Nous essayons de mettre en avant, à notre niveau, ce type d’initiatives et ce type d’artistes.
Quels sont les projets du Trabendo pour la suite ? Comment vous projetez-vous dans 5 ou 10 ans par exemple ?
Aujourd’hui, on parle beaucoup du club, de ce qui s’y passe et c’est génial. Le but est de s’inscrire sur la durée. Nous voulons être à la page concernant la façon dont le monde et la société évoluent, et avec eux les envies du public, des partenaires…On ne veut pas se renfermer sur une manière de voir les choses, mais être constamment en alerte sur ce qui se passe autour. Et puis bien sûr, continuer à prendre du plaisir en termes d’équipes, d’accueil du public, de show !
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