Monument Festival 2023 : “Notre programmation est construite en fonction des différents moments de la journée, de la météo (..) et d’un moodboard”

Au cœur d’une vallée norvégienne, à deux heures de route d’Oslo se niche un festival pensé par les fondateurs d’un média pointu pour amateur.ice.s d’ambient, de deep techno et de techno hypnotique : le Monument Festival. L’événement est à l’image de ce qu’ils ont réussi à créer depuis 11 ans à travers ce projet : une communauté d’aficionado prête à braver la météo norvégienne pour venir danser dans un écrin naturel sublimé par des projections VJing. Si l’accent est moins porté sur tous les éléments périphériques (pas vraiment de coins chill, quelques activités mais pour lesquelles il faut s’inscrire avant d’arriver et un confort rudimentaire avec des douches chaudes payantes), la programmation, elle, vaut le détour. Nous avons pu nous entretenir avec Henning, le fondateur du festival pour qu’il nous raconte comment sa passion pour la musique l’a conduit jusqu’à la création du Monument.

 

Peux-tu nous dire qui se trouve derrière le Monument festival et comment l’histoire du festival a commencé ?

Je m’appelle Henning, je suis le fondateur du Monument festival. Son histoire a commencé il y a 11 ans lorsqu’un de mes amis d’enfance et moi-même avons décidé de promouvoir de la techno de qualité sur le net. J’étais sur le point de partir vivre en Inde pendant un an donc on s’est dit pourquoi ne pas utiliser ce temps pour créer quelque chose d’intéressant. On a donc lancé les podcasts qui ont très bien fonctionné, et quand je suis revenu en Norvège, on a lancé les événements. A partir de là, les choses se sont enchaînées : les podcasts marchaient super bien, les événements aussi donc on a travaillé sur la constitution de notre communauté avec des valeurs propres. Et c’est une fois cette communauté réunie qu’on a pu commencer à penser à créer un festival.

 

Quelles sont les valeurs du Monument Festival ?

Je dirais que notre sens aigu de la communauté est une des choses les plus importantes pour nous. Cela comprend donc l’inclusivité : tout le monde est bienvenu.e quelle que soit la race, le genre, l’âge. Par exemple, dans notre équipe, le plus âgé à 56 ans et le plus jeune a 24 ans. C’est comme ça qu’on évolue, en apprenant des uns des autres.

Un autre point important pour nous, c’est le développement durable. Nous nous devons de faire de notre mieux pour être eco-responsables. Ce n’est pas facile à l’échelle d’un festival mais chaque année, nous réfléchissons aux deux ou trois axes principaux sur lesquels concentrer notre énergie. Cette année par exemple, nous proposons des mugs en inox pour réduire les verres en plastique, et depuis l’année dernière nous consignons les verres en plastique ce qui a réduit l’utilisation de plastique de 80%. Nous avons également construit notre propre bar plutôt que de le louer, ce qui était très coûteux en termes d’argent mais également de CO2 rejeté à cause du transport.

 

Cette année vous avez également créé un espace safer, le safe haven : comment l’avez vous pensé et comment est-ce que vous l’utilisez ?

Comme nous organisons des événements depuis 11 ans, nous savons que le public peut consommer des substances diverses, nous ne sommes pas dupes. Nous sommes en Norvège donc nous suivons la loi norvégienne mais nous restons conscients de la réalité des faits. La pire chose à faire quand il y a des débordements, qu’une personne a pris trop de drogues par exemple, c’est d’être strict, de l’expulser du festivals et de lui faire vivre une mauvaise expérience.  On a donc souhaité faire l’exact inverse, c’est-à-dire proposer à notre public un espace safer où des médecins, psychologues et infirmier.e.s formé.e.s à ce genre de situations s’occupent d’elleux.

En termes de musique, comment est-ce que vous construisez la programmation ? 

La programmation est gérée par moi-même et notre DA Victor, qui est DJ et français d’ailleurs. De mon côté, ma sensibilité musicale vient du fait que je suis allé à beaucoup d’événements et de festivals. J’ai donc l’impression de savoir ce dont le public peut avoir envie selon le moment. Victor pour sa part, est un peu un geek niveau musique, ce qui est génial ! Il est capable de trouver des artistes qui correspondent à ce que je pense qui conviendrait à tel ou tel moment du festival. Notre programmation est donc construite en fonction des différents moments de la journée, de la météo (autant que possible), et également de ce qu’on appelle un moodboard. Donc vendredi, c’est le jour où les gens arrivent, iels arrivent après une journée de travail ou alors iels ont voyagé, iels sont fatigué.e.s donc on a envie de leur proposer quelque chose de coloré et joyeux, propice à leur arrivée et découverte du festival. Le samedi c’est plutôt un voyage, de l’ambient très calme vers de la dub, puis de la techno groovy et le soir ça devient plus sérieux avec le Maître japonais Takaaki Hito. Dimanche, c’est plus dans l’émotion. Les gens sont fatigué.e.s mais aussi heureux.se.s et en même temps conscient.e.s que c’est le dernier jour. Donc on joue sur la corde émotionnelle avec des choses plus inattendues.

 

La nature joue également un grand rôle dans vos choix de programmation et pour le festival. Comment est-ce que vous connectez les deux ?

Ce lieu est magique, c’est une ferme que nous adorons. Nous sommes à deux heures d’Oslo et la plupart des gens restent tout le week-end donc nous devons proposer une expérience globale. Notre réflexion c’est donc de se demander quel.les artistes pourraient correspondre à cette nature magnifique. On réfléchit également beaucoup à comment utiliser la nature comme écrin pour le VJing. On communique aussi sur l’importance de respecter la nature et même de se connecter à elle car on sait d’expérience que quand on propose un événement dans ce cadre, le public est plus chill. 

 

Est-ce que tu peux déjà nous dire ce que vous nous réservez pour l’année prochaine ?

Bien sûr ! Déjà cette année, nous avons la petite tente haven avec le bar à vin où nous explorons de nouveaux genres musicaux comme la house ou les musiques traditionnelles norvégiennes ; tout sauf la techno, réservée à la scène principale. L’idée c’est donc de voir comment tout cela est reçu par le public pour adapter le tout l’année prochaine : est-ce que l’on garde la tente, est-ce que l’on propose carrément une vraie scène à ces nouveaux genres, est-ce qu’on propose plus de musique norvégienne, est-ce qu’on propose du jazz ? C’est ce que l’on compte explorer pour la suite !

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