PREMIERE | Caïn و Muchi – Warda وردة [Gros: Œuvre]

De la rencontre entre Vanda Forte et Sinclair Ringenbach naît Caïn و Muchi. Influencé par les musiques de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et la musique électronique, le duo crée un univers où fréquences de basse et arrangements percussifs entrent en collision avec des textes engagés. Vanda chante dans divers dialectes arabes. Iel / il joue entre récits rêveurs et réalistes et aime semer le doute au moyen de métaphores et d’allégories. Caïn و Muchi milite sur des sujets qui transcendent la condition humaine, tels que la santé mentale, les oppressions sociales et les conflits politiques. Le duo marseillais sort le clip de Warda وردة, et à cette occasion, il se livre à Technopol.

 

En quelques mots, pouvez-vous présenter Warda وردة, votre dernier EP sorti en mars sur le label Gros: Œuvre ?

Warda (qui signifie “la rose”) est un EP qui parle du vécu et de la transition de Vanda qui est une orchidée violette, d’où le choix du titre “Warda” pour rester dans la signification de la fleur qui éclot, en rapport avec la transition, le changement. Les textes traitent de sujets différents allant de l’amour malsain (comme dans Hawa, qui veut dire “amour” en arabe) à l’afrofuturisme et les identités multiples (comme dans Madhi 1 et 2).
L’EP se tisse à travers le Hip-hop contemporain, la Bass, les textures expérimentales et ambiantes, le design sonore inventif et les rythmes percussifs. L’espace est créé et propulsé par le travail vocal, et l’intensité persiste jusqu’à l’apogée. Des exercices classiques de rap exécutés dans Warda ou Hustler aux orchestrations cinématographiques plus grandioses de Hawa et Madhi, Warda وردة entraîne les auditeurs encore plus profondément notre univers sonore.

 

Comment votre musique a-t-elle évoluée depuis la sortie de votre premier projet Martyr ظلم ?

Par rapport aux sorties précédentes avec le club en tête, nous avons évolué vers un univers viscéral et revendicateur tout en gardant le côté Caïn و Muchi qui peut se traduire de l’arabe comme étant : être et ne pas être. Notre duo explore toujours les dualités mais il a pris une tournure musicale beaucoup plus recherchée que ce soit sur les textes, la pose, le chant mais aussi l’orchestration et la structuration des mélodies et de la rythmique.

 

Le travail vocal joue un rôle central dans vos projets. Comment s’est déroulé le processus d’écriture pour Warda وردة ?

Vanda explore la lutte pour l’autodétermination à travers un style d’écriture brisant les schémas cycliques négatifs ; en affrontant son chaos intérieur. Ce discours émotionnel complexe reflète un dialogue sur nos sociétés actuelles à travers une perspective humaniste. “J’ai écrit Madhi en me basant sur la dernière performance de Cherish Menzo, Darkmatter (2022), qui s’inspire du travail de Drexciya. Elle se déroule dans un nouveau monde où toutes les croyances passées ont été rejetées. D’abord errant et ayant des doutes, puis réalisant que de nouvelles valeurs peuvent être établies dans cette arène, le personnage est pris dans une spirale de doutes, un labyrinthe, se demandant toujours – puisque nous avons du mal à nous faire confiance – ce qui est bon et ce qui est mauvais ? Quelle est la route à suivre ?”

 

Tout comme votre précédent EP Martyr ظلم ou votre titre Shayatine شياطين en collaboration avec le mouvement Artists Against Apartheid, Warda وردة révèle les défis contemporains de notre société. Comment votre engagement politique s’immisce-t-il dans la création ?

L’engagement politique fait partie de notre quotidien. Et ce qu’on croit être une position politique pour certains·es est un vécu pour d’autres. Comme pour le cas des palestiens·nes, congolais·ses ou encore soudanais·es. Nous, artistes, devons rapporter leur quotidien, leur vécu afin que leurs voix soient aussi entendues. Nous avons le pouvoir de créer et combiner nos créations à la libération de la parole autours des oppressions. Il est vital d’agir pour celleux qui n’ont pas la chance comme nous de s’exprimer et vivre librement. En tant qu’artiste, on est privilégié et il faut utiliser ce privilège à des fins socio-politiques, pour rendre justice et rendre hommage aux peuples et humains·es oppréssés·es.

 

Aujourd’hui, Technopol publie en avant-première le clip du titre éponyme de l’EP Warda وردة. Quelle était l’idée derrière la création d’un clip ?

Ce clip pour nous représente notre amour pour la scène et le partage de nos convictions, d’où le fait qu’il ait été filmé lors d’une performance à la Station Gare des Mines, en décembre dernier.

Un mot de la fin ?

Merci à tous·tes pour votre soutien. On reste forts·es. Et on a hâte de vous présenter notre album qui sort en septembre !

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